Et puis, j'ai eu la chance de découvrir le carnaval de Barranquilla, "el mejor carnaval de Mundo" como dicen, qui franchement n'a rien à envier je pense ni à celui de Granville, ni à celui de Douarnenez, ni même à celui de Dunkerque, c'est dire !
Ce carnaval, Julian et sa mère Maritsa me l'avaient évoqué dès mon premier jour à Bogota : je DEVAIS aller à Barranquilla... D'abord hyper enthousiaste, j'avais été tout à fait refroidie en réalisant l'ampleur de l'événement, et donc ses conséquences : plus un hostal ni un canapé de dispo. Et j'imaginais de fait une locura gringa, saoule et furieuse, trop démente pour mon esprit bien tranquille du moment. Sauf qu'une petite semaine sur la côte avaient échauffé ma curiosité : le carnaval commence bien avant, et la dernière semaine, tous les environs se parent de fluo et de paillettes, les maisons, les magasins et les gens eux-mêmes se font carnaveleros, et ce dans chaque ville et village jusque Santa Marta, à deux heures de Barranquilla.
J'ai fini par m'échapper pour le dernier jour de carnaval, sans trop savoir où je passerai ma nuit, mais avec deux plans de copains à rejoindre, ce qui est assez pour motiver l'aventure. J'ai retrouvé une toulousaine et son boss, bossant tous les deux dans le son à Toulouse. Après avoir organisé une soirée sur les sound systems colombien l'an dernier aux musée des Abattoirs, ils ont plein de contacts musicaux colombiens, notamment à Barranquilla.
Nous voilà donc tous débarquant chez William et Daisy, un couple d'une cinquantaine d'année, dans un barrio populaire à une demi heure du centre-ville. William est peintre, spécialisé dans les picos : il peint sur les sound systems qui enflamment notamment le carnaval. Il peint en fluo, des motifs souvent bien kitchs, ça en jette à souhait. Il nous fait visiter son atelier, enfin la petite pièce au fond de sa maison où il bosse.
Et là, avant qu'on ai eu le temps de comprendre ce qu'il se passait, on se retrouve avec des bières à la main, des assiettes aux odeurs incroyables, et on est invités d'honneur de cette journée de carnaval. Ils nous offrent des chapeaux, on rencontre toute la famille, on va visiter la grand mère, le neveu nous garni des bières qu'on déguste au coin de la rue.
Seule manque Genesis, la fille et princesse de la famille, qui a été reine du carnaval à 6 ans, et qui danse et défile tous les jours depuis le début. On la croisera plus tard, puisqu'on passera toute la journée avec la famille, nous trimballant de pico en pico pour voir les peintures de William, où, seuls gringos du barrio, on est les stars un peu partout.
La nuit fut longue, dansée, rie, et tous ses verbages joyeux. On en a vu de toutes les couleurs, tout le monde danse, à tous âges.
A Barranquilla, le carnaval commence au début de l'année, on se souhaite un "feliz año nuevo y feliz carnaval", puis on se prépare. Puis tout s'arrête, plus personne ne travaille à part les taxis et les bars, et tout le monde est dans la rue, tout de paillettes et de plumes vêtus, à voir les défilés, à danser, à se balader, à sourire beaucoup.
Le carnaval de Barranquilla nous a donné beaucoup d'énergie, mais la
fête jusqu'à l'aube nous en a pris beaucoup aussi. Le jour d'après
manque un peu de couleur et de fluo. Mais je pars en trouver ailleurs.
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