vendredi 28 août 2015

Costa (muy) Rica : shopping alimentaire en banlieue joséphine (enfin de San José, CR, quoi)

Attention, ce poste contient des images peu vues dans les guides.

Le passage au Panama a marqué un changement radical : après les mille nuances des Amériques du Sud, nous voici clairement en terres sous influence majoritairement gringa. Déjà Panama city se donnait des faux airs de Miami, sans la beach. Les routes, les grosses bagnoles, les school bus, on s'y croyait. Très vite, nous a surpris aussi la proportion de personnes en surpoids croisés dans les transports. On continue de remonter vers le Nord et le changement se fait plus radical.

Le parking dans notre premier lieu de woofing pas si écolo...
Au Costa Rica, nouvelle marche de franchie. Les voitures sont encore plus grosses et plus neuves qu'au Panama voisin. Les supermarchés regorgent de produits importés pour que la foule de ricains du nord ici venus profiter d'un climat plus doux et de leur gros pouvoir d'achat puissent faire les courses comme à la maison.

Et étrangement, l'accent des Ticos (les costaricain) écrase les "r" en faisant de drôle de "w", comme un bon gringo pas cap de rouler le r (genre les parties avec accent dans le son "Frijolero" de Molotov). Étrange étrangeté que ce petit pays qui n'a pas d'armée, a évité les guerres civiles et est aujourd'hui le plus riche et plus cher du centre des Amériques, mais aussi celui avec le plus de conscience écolo ( voir ici par exemple sur l'énergie propre au CR ).


Nisperos en haut à gauche, anonas en haut à droite. En bas, des oranges (vertes)

On est vendredi, jour de marché à Alajuela. On part avec Carol, 70 ans, expat états-unienne et proprio de la finca/maison d'hôtes où on reste en tant que volontaires depuis quelques jours.

La feria d'Alajuela a lieu une fois par semaine, des dizaines de producteurs y vendent leurs fruits, légumes, graines ou poissons. On imagine débarquer dans un de ces marchés qui enchante chaque fois nos étapes. Mais la feria d'Alajuela est à l'image du reste. Le marché a lieu sous un hangar moderne. Un énorme parking accueille toutes les jeeps et 4x4. On prend son caddie et fait ses courses comme au super, sauf que ça reste moins cher quand ça ne passe pas par l'intermédiaire Wallmart. Ici on paie en Corones (des superbes billets aux couleurs vif ornés de dessins animaliers, semblant échappés d'un Monopoly), ou bien en dollars, les deux monnaies ont cours parallèlement.

Oui on a des cocotiers à la maison mais là tu comprends,c'est déjà coupé...
On pousse le charriot de Carol qui se remplit a une allure folle. Dans son immense propriété, ancien jardin botanique et refuge d'oiseaux exotiques, poussent pourtant à foison bananes, mangues, herbes aromatiques... Mais Carole a la folie acheteuse et dépensera plus de 100 dollars ce jour-là dans ce marché où tous ces trucs exotiques et colorés l'attirent.
"Chia", oui ça nous sonne drôle. C'est la graine indienne miracle à la mode...

Son pote Richard, sexagénaire israelien installé aussi à Alajuela pour du business, qui nous a emmené sort ses plus beaux sourires dentifrices et halepague les commerçants comme des amis. Puis dans la voiture nous sort des tirades sur le mode de vie des Ticos, et l'impossibilité de s'adapter à un pays pareil quand comme Carole et lui, on a vécu dans un pays "civilisé". Il se raconte sans cesse, lui, ses millions dollars, ses propriétés, ses grosses voitures.


On finit cette journée shopping dans le plus grand supermarché de notre vie, un agencement à la Ikea avec des rayons jusqu'au plafond, des produits vendus en lot, des caddies énormes et un accès seulement sur carte de membership. Un paradis de la surconsommation où les caddies sont si larges qu'on y range deux bébés côtes à côtes. On est loin de l'image verte du Costa Rica avec sa collection de Parc naturels et de volcans, sa faune et sa flore incroyable. Mais on est clairement bien dans les surprises du voyage.

C'est mes pâtissiers de copains quis'arracheraient les cheveux devant ce mur de crème industrielle



On quittera le lendemain ce lieu de volontariat qui nous accueillait à Alajuela devant le manque de cohérence à nos yeux du projet et l'absence de convivialité et d'échange. On a trouvé autre chose, une cabane dans la montagne, des gens incroyables et des envies qui ne le sont pas moins, une belle énergie, de la passion, bref, on vous racontera tout ça bientôt.

mardi 18 août 2015

Transition incertaine

Petit dej au Castillo
De notre château de pirates, derniers clins d'oeil aux Caraïbes entre deux cuillères de porridge à la canelle. Le chrono est lancé, nous voilà en route pour une journée de transition, dans la direction du Costa Rica. Le réveil n'a pas sonné trop tard, il fait beau, nous avons quelques infos sur les transports, il est 7h30 et nous partons dans l'espoir d'atteindre ce soir notre objectif : une jolie petite île dans le Pacifique du nom de Boca Brava ("la bouche courageuse").
Le bus arrive, enfin, et de un. Arrivée à Sabanitas pour quelques courses rapides et sauter dans un autre bus pour Panama City ... On attend encore, mais avec avocat et "queso crema" dans le sac, notre casse croûte préféré. Deuxième bus, premier film bien religieux qui parle de Jésus et tout et tout, j'arrive même à comprendre quelques mots. Après 2h de bus, à peine arrivés au terminal de Panama City, boum, chance, nous montons sans attendre dans un bus qui doit nous conduire 8h plus tard à un croisement appelé Horconcitos !

On roule, on roule, des travaux, la nuit tombe, énorme pluie, et donc question, vaut-il mieux continuer jusqu'à David, plus grande ville, et sauter notre petite étape plutôt que de risquer de rester en rade à un croisement ? Assis derrière nous un gars fort sympa nous donne bien gentillement plusieurs petits conseils. Après quatre films dans le bus, croisement en vue, la pluie s'est bien calmée. Un taxi est là, et il nous conseille même de prendre le dernier des quatre minibus de la journée qui va partir, et qui est moins cher. A peine le temps d'être surpris de la bien notable gentillesse de ce taxi, et voilà que le minibus démarre déjà.

L'orage illumine le ciel en grand, jour, nuit, jour, nuit. Pacifique en vue, négociations avec le taxi sur les heures de nuit, la taille des sacs... Quelle créativité pour gagner des dollars! Nous espérons l'île, il nous faut donc un bateau. Il est 21h, il fait nuit depuis plus de 2h, on est bien contents d'être déjà arrivés jusque là, mais pas bien sur de la suite. L'épicière téléphone aux gars des bateaux taxis, qui ne répondent pas, que l'on relance. On envisage une nuit près du quai, mais l'épicière nous dit que tout est plein. Elle nous parle d'un hostel, on y va.Les deux proprios italiennes, elles aussi bien gentilles, téléphonent à un gars, appellent la copine, sur ce un autre gars arrive, repart demander une info ... Et pour finir un ultime bateau doit aller chercher la cuisinère qui travaille sur l'île, il nous attend, et bien sûr nous pressons le pas. Après quelques vagues motorisées sur le Pacifique, cernés par les éclairs,  pleins sourires et sourires pleins, nous arrivons à destination, dans ce p'tit endroit perché et isolé, espéré.

Au terme d'une telle journée, c'est surtout du bonheur. Le plaisir d'être tombés sur des gens bien aidant qui font toute la différence. Chaque tout petit coup de pouce est un gros coup de main. Nous sommes maintenant curieux d'explorer notre petite île, demain au petit jour, il paraît qu'il y a des singes...
Les singes howler. Ceux-là mêmes qui nous ont réveillé avec leurs hurlements de cochon.



dimanche 16 août 2015

Panama : chasse au trésor et errances pirates

Puis on s'est envolé dans le plus petit coucou de l'histoire des avions de notre vie : 12 petits sièges, pas d'allée centrale, pas de séparation entre cockpit et passagers, les pilotes à portée de main. 
Moins d'une heure de vol séparait l'étonnant calme de notre jungle darienne  de la folie de la grosse Panama city. On a donc débarqué à Babylone, entre grattes ciels hyper modernes et centaines de cargos en transit. Choc un peu rude mais on sait ce qu'on vient y faire : on veut naviguer. Panama ciudad ou Panama city, c'est la sortie du canal du même nom, les bateaux qui s'échappent des Caraïbes pour retrouver la liberté du grand Large arrivent ici. Et ça tombe bien, c'est aussi ce qu'on veut. 







C'est encore un petit tournant de notre voyage. On rêve de trouver un moyen d'embarquer sur un voilier qui partirait s'aventurer vers le Pacifique. Sauf qu'on n'est pas du tout à la bonne saison. Donc soit par grosse chance, malentendu, miracle, on trouve et on part à gauche, à l'Ouest, en océan. Soit on va continuer tranquillement à explorer ces pays du centre de l'Amérique qui semblent regorger de bien des trésors, quitte à revenir zoner au Panama à la belle époque des départs transPacifiques, en février-mars.
J'ai appris une autre phrase chez les Kunas, c'est "Ur taniki". Le bateau arrive. Ojalà...


1ere annonce; on se proffessionalisera bientôt
Dès le premier jour, on part plan en main, chercher les voiliers dans ce grand bazar de capitale. On marche des kilomètres et on raye de notre carte le yatch club où on ne trouve que des vedettes de pêcheurs au gros fortunés, puis les Marinas du Cosways où les milliardaires parquent leur petit joujou en attendant le jour où, peut-être, ils prendront la mer. On dépose quand même des annonces partout où on passe, "Jo and Ju want to sail". On ne sait jamais.











On se balade jusque la marina de Balboa. Ici se posent les navires qui viennent de franchir le Canal. Pas mal de mâts, ça nous émoustille, tout semble possible.

On pose notre excitation à la terrasse du bar de la marina. Si il y a des marins c'est bien au bistrot qu'on va les trouver. Et en effet, on discute avec deux frangins chiliens qui viennent de passer le canal de Paname. Ils nous confirment ce qu'on savait déjà : on est complètement hors saison, peu de bateaux partent vers le Pacifique, ils ont été le seul voilier à passer le canal cette semaine. Ils veulent convoyer leur bateau vers le  Chili d'une traite en 40 jours de mer et n'ont pas de place pour nos petites carcasses.  Par contre, ils nous conseillent d'aller traîner sur la côte Caraïbes, où quelques baies et marina abritent les voiliers en partance qui n'ont pas de quoi assumer les frais de la très chère marina de Shelter bay, à l'autre entrée du canal.

On a quelques noms en têtes, beaucoup d'envie, alors on refait les sacs, on quitte la grosse ville (Allelluia !) et c'est parti pour la chasse au bateau.


Libnon Bay Marina, en construction
Puerto Lindo, Panamarina, Linton Bay, Portobello... On écume les côtes, on traques les voiliers, on rêve et on rencontre pleins de gens et d'histoires. On atterri sur des îles au trésor, mais on n'a pas le plen; pi le trésor qu'on cherche n'est pas sonnant et clinquant, sauf du bruit des drisses dans les mâts, tu vois...

Atelier pliages et annonces pour les chercheurs d'embarquement
Et moi je lis Long John Silver de Bjorn Larssön, trouvé par hasard dans un de nos refuges de passage. Le récit passe par Saint-Malo puis les Caraîbes qu'on y appelle Indes Occidentales. Le décor, l'histoire, tout colle parfaitement avec ces lieux où on rode, et je vois du pirate en chacun.

C'est que ce petit pays tout étroit qu'est le Panama a été une cible idéale pendant des années. Par ici transitait l'or d'une Amérique à l'autre. Toute cette côte a été écumée par des attaques pirates. Ce boucanier de Morgan a détruit et pillé la ville de Panama. Côté Caraïbes, mêmes genres de combats. Les côtes sont fortifiées, canonnées et chargées d'histoires. Et un héritage demeure : on trouve pas mal de marins perdus dans le rhum.

Douce vie au Castillo


El Castillo, comptoir à pirates avec vue sur mer

Les épaves ne sont pas qu'humaines, partout le long des côtes dépassent des bateaux coulés, des destins surpris par les récifs coralliens. On nous raconte que 33 bateaux ont coulés aux îles San Blas l'an dernier. Et rapidement on comprend que parmi ces forêt de mats qui à l'arrivée dans chaque port nous faisaient rêver, il y a des centaines de bateaux qui ne naviguent plus, qui, abandonnés, vieillissent mals et semblent disparaitre de jour en jour, oubliés au mouillage, tel des bateaux fantômes.

Portobelo est prête, surtout que la route d'évacuation mène à la taverne de ce vieux pirate de Jack



Isla Mamey, on y est pas trop mal
On roule et on ricoche, d'une baie à l'autre, d'une piste à une autre. On rêve à chaque voile qui passe, on espère. Et puis, on tombe sur Mike. Ou bien il nous tombe dessus ?

Mike se dit kenyan, où il a grandit jusque ses13 ans. Puis ça a été la Barbade, et le retour aux terres d'origines brittaniques pour les études. Faute de boulot en Angleterre, il est parti en Equateur, guide plongeur au Galapagos c'est un beau métier pour un biologiste marin. Il a passé la plus grande partie de sa vie en Equateur et vit au Costa Rica. On a discuté un soir au village, le lendemain il nous invitait pour l'apéro à bord de Turning Point, le voilier qu'il a acheté au Guatemala et ramène tranquillement chez lui. On était déjà les plus heureux de monter dans l'annexe, reprendre pied sur un territoire flottant, voir la côte du bon côté.

Mike et Jo ramènent en youyou les nouveaux panneaux solaires pour faire de Turning Point un petit Versailles

Le lendemain, l'invitation se déclinait sous la forme d'un dîner. Un curry délicieux et du rhum sur un bateau, y'a des sourires qui se sont bien installés. Et puis on est partis deux jours avec lui. On a retrouvé la mer, qui pour l'occaz s'était fait grosse. Le vent dans les voiles et dans les cheveux. La pêche et le bonheur de se régaler des prises du jour. Que la côte panaméenne est plus charmante vue du large.

Mike sur la isla Linton, à la chasse aux singes

Ces coquins de singes araignées se déplacent sur deux pieds (si, regarde, à gauche sur la plage)

Six nuits à bord, plein de bonheur fort et en tous genres. Des dauphins, une tortue, des singes araignées qui se baladent debout comme nous, et tous ces pélicans, et les cris des singes hurleurs dès les premières lueurs pastels du petit matin...

Isla Mamey, une île au trésor

C'est pas le Pacifique, et pourtant ça ressemble fort à ce dont on avait envie et besoin. Nos recherches acharnées d'embarquement ont finalement donné quelque chose d'assez satisfaisant pour calmer un peu nos  besoins pressants de large. On se dit qu'on reviendra à la saison des départ pour retenter notre chance en Pacifique.Maintenant on peut avancer, y'a tout une liste de pays qui font rêver droit devant nous. Y'a plus qu'à. Prochaine étape, le Costa Rica.

Aterdecer au mouillage sur Turning Point

mardi 4 août 2015

Armila : bienvenue chez les Kunas


Ca y est, après quelques mois de vadrouilles en ses terres, je me sens enfin prête à laisser la Colombie derrière moi. Un au revoir, pas un adieu, forcément. On est à la frontière du Panama depuis deux semaines, et cette fois, on va la passer. Et par la mer tant qu'à faire.

Une demi heure de lancha pour atteindre Puerto Obaldia et nous voici dans un nouveau pays. Accueil militaire et fouille minutieuse des sacs, ça fait le drôle d'effet d'une perquisition : ma mochila, c'est ma maison. Rien à signaler ni dans le contenu de chaque trousse ou pochette, ni dans les renforts et coutures du sac, on est donc autorisés à circuler sur le territoire panaméen. La descente est fraîche, les sourires colombiens sont déjà un vague souvenir. Nouvelle terre, nouveaux mœurs.

En haut de la loma entre Purto Obaaldia et Armila,la vue sur ces kilomètres de plage et de jungle
Puerto Obaldia est un drôle de bled, peuplé essentiellement de cubains en transit qui remontent l'Amérique centrale vers la terre ricaine rêvée. A Puerto Obaldia, ils attendent de pouvoir acheter leur ticket pour l'avion qui leur fera faire un saut de puce jusque Panama city. Nous prendrons ce même avion le lendemain, mais pour cette première journée panaméenne, on a prévu une échappée à Armila, chez les Kuna

Les Kunas sont un peuple indigène vivant entre le nord de la Colombie et le Sud du Panama. La plupart sont insulaires; et vivent et contrôlent l'archipel des San Blas, des centaines d'îles des Caraibes; une des destination touristique phares du Panama.

On n'a pas de quoi s'offrir les San Blas, mais on est curieux de connaître un peu plus des Kunas. Vic de La Bohemia m'a dit d'aller rencontrer Nacho à Armila, 1h de marche de Puerto Obaldia. Il y a deux façons d'atteindre Armila, en lancha quand les conditions le permettent ou à pied, en grimpant le morne qui sépare le village de Puerto Obaldia. Sauf que la mission s'avère plus compliquée que prévu, les militaires ne voulant pas nous laisser partir seuls.

On nous dit d'abord qu'il faut un laisser passer, chose que nient les employés de l'immigration qui nous accompagnent jusqu'au checkpoint de l'armée pour leur confirmer qu'on n'arien de plu à présenter vu qu'on a déjà un passeport et un visa. Du coup, on nous demande d'etre accompagnés d'un guide ("on ne sait pas ce qu'il peut sepasser dans la foret"), puis ensuite que le guide s'enregistre auprès des militaires, procédé qui décourage les bonnes âmes acceptant qu'on les suive dans la montagne. Mais on s'accroche, on la veut cette nuit au village.

Jo avec les ,édecins du centre de santé remontant la lancha ambulance
Après quelques courses après des lanchas vaquent vers d'autres destinations, et des fausses joies de passants pas près à laisser leurs coordonnées des autorités, Jo donne un coup de main pour sortir de l'eau une barque, de laquelle descend Pautilinio, natif de Armila, qui justement y retourne et nous y conduit donc.

Le chemin grimpe fort mais est très simple à suivre; dur de comprendre l'acharne,ent des militaires pour que l'on parte accompagnés. Pautilinio est tout petit mais gambade depuis toujours ce sentier, il file, et nous avec. En haut du morne; on découvre un paysage impressionnant, des kilomètres et des kilomètres de foret et de plages, revoici le Darien côté Panaméen. Et dans cette jungle, quelques villages kunas, dont Armila.




On n'avait pas osé imaginer quoi que ce soit sur notre arrivée à Armila (superbe video ici sur le village), mais on n'aurait pas pu supposé être autant touchés.
Nacho, qui parle espagnol et russe couramment, en plus de la langue Kuna, nous accueille dans une cabane à disposition des rares visiteurs, et nous explique un peu le village. On est surpris tout d'abord par par la propreté, l'organisation et l'aspect paisible du village, à mille lieu du Puerto Obaldia voisin.
Des cabanes, rassemblées en petit hameaux par familles souvent. Partout des panneaux solaires : le village est totalement indépendant, entre énergie solaire et eau de la rivière. La rivière forme un bassin avant de se jeter à la mer, c'est une réserve d'eau idéale, un aquarium où pêcher et un bassin calme pour les jeux des plus petits; la mer juste derrière dressant une barrière de vagues.


Première grosse surprise : on se croirait au pays des enfants perdus; les gamins sont partouts ! Il y a 250 enfants scolarisés pour 700 habitants "c'est qu'ici on n'a pas la TV nous explique Nacho, alors les gens font des enfants". En effet, seules quelques unes des huttes ont monté des paraboles, qui semblent des OVNIS plantés sur les toits de palmes des cabanes.





Jonathan est un prénom courant au village















Avec autant de gosses à éduquer, l'école occupe un rôle central, et une place qui l'est aussi dans le village. On arrive en pleine répétitions de danses traditionnelles pour la fête de l'école qui aura lieu un mois plus tard. Les instits et profs parlent espagnol; et nous voici à comparer les systèmes éducatifs d'ici et là bas.

La plupart des enfants apprennent l'espagnol à l'école. Pas facile pour les instits qui ne parlent pas Kuna, quatre sur les douze en poste sur les écoles du village. Les mômes nous fixent, nous suivent, nous balancent tout heureux les quelques mots qu'ils baragouinent, "hola" ou "hello", tout ça c'est de la langue étrangère. A chaque rencontre, la curiosité est réciproque, on parle de voyages, de transat, de neige et autres de nos drôles de folies, ils racontent traditions et adaptation à la modernité.

De bon matin; sur le chemin de l'école


A l'école, répétition de danses traditionnelles
 


Notre appareil photo est un objet magique qui fascine les plus petits.


































El Tigre
 On rencontre aussi El Tigre, qui vient nous chercher pour nous montrer les préparatif d'une cérémonie qui aura lieu deux jours plus tard pour accueillir une jeune fille de douze ans qui vient d'avoir ses premières menstruations dans le monde des femmes. Elle est pour l'instant recluse avec sa famille dans une pièce à part d'une hutte collective. Puisqu'on ne pourra pas rester jusque là, El Tigre prend le temps de nous décrire les cérémonies qui auront alors lieu, et les différents étapes rituelles de la vie d'un ou une Kuna.












Le soir, le "saila", chef ou sage du village, nous accueille dans la maison du conseil. La maison du conseil est une grande baraque avec une assemblée de banc de bois de toute taille qui doit pouvoir accueillir tout le village les jours de conseils important.  C'est un lieu ouvert où tout le monde peut passer un moment,venir se poser, écouter. Des enfants jouent, certains font la sieste. Le saila et ses quelques conseillers prennent place dans les hamacs qui trônent au milieu. On y discute des affaires du village et de la communauté. Le saila est l'instance suprême, on s'en remet à lui et au conseil avant d'aller voir la police.

Dans la salle du conseil trônent les coupes récompensant l'équipe féminine de volley ball, fierté du village

Nacho fait l'intermédiaire en traduisant les paroles du saila. Il nous remercie de notre visite quand nous tentons de partager l'émotion et la gratitude résultant de cet accueil incroyable. On est officiellement invités pour le festival des tortues marines fin mai; quand les oeufs des tortues venues pondre sur la grande plage en février-mars éclosent et des centaines de petites tortues font leurs premiers pas vers la mer. On n'est pourtant pas du genre à faire des projets à long terme, mais on note bien cette idée dans un coin de nos caboches.


On serait bien resté beaucoup plus longtemps dans ce village hors de tout,pour comprendre mieux et échanger davantage.  Mais on a une avionnette à prendre, on repart donc Naki, avec le fils de Nacho le lendemain matin. Lui vit à Panama city, la capitale du Panama; il bosse dans l'informatique. Mais tente de mettre en place un bureau touristique à Puerto Obaldia qui lui permettrait de se rapprocher de son village. On crapahute le chemin jusque Puerto Obaldia tandis que que Naki nous raconte la révolution Kuna; et comment son peuple s'est rebellé contre les panaméens qui prétendaient les civiliser à coups d'église et d'interdictions. De cette guerre, ils ont gagné une autonomie sur le territoire Kuna qu'ils contrôlent désormais au point de pouvoir bloquer de grands projets industriels transnationaux.

Voilà donc notre première expérience panaméenne, une journée incroyable de partage et un départ avec déjà l'envie pressante d'y revenir. Peutêtre en mai donc, pour le festival des tortues...


Le foot, toujours et partout

On se dit qu'on reviendra pour le festival des tortues...



dimanche 2 août 2015

Procession aquatique entre Sapzurro et Capurgana



En chemin, il est bon de se trouver des petits endroits qu'on se plairait à appeler maison. Capurgana est clairement l'un d'entre eux. Sur ces plus de quatre mois passés en Colombie, il y aura eu 4 semaines de bonheur dans ce petit bout de terre, perdu dans le Darrien, que je décrivais déjà ici.


Pour la troisième fois, j'y retournais donc, avec toujours autant de plaisir. Et toujours le voyage réserve des surprises. Alors qu'on rentrait du village voisin de Sapzurro en barque à moteur, nous voilà pris au milieu d'une procession en l'honneur de la Vierge del Carmen,  qui protège notamment les lancheros, ces conducteurs de lanchas (barques à moteur ).




Quelle année en odeur de sainteté, je n'ai jamais été aussi souvent bénite que depuis que j'ai quitté la France. Au sortir de la messe, le prêtre asperge ses ouailles réparties dans les bateaux, et les touristes en profitent aussi. Tandis que le saint homme, pas fou, embarque sur un bateau de l'armée pour rejoindre la baie voisine de Capurgana, nous partons en convoi avec toutes les lanchas des villages, entre pétarades de feux d'artifices, chants sacrés et aguardiente (une eau de vie pas tendre ).





La lancha nous droppe à Capurgana, la procession ne dispense pas de payer son trajet; et les lanchas reprennent la mer direction d'Acandi où la vierge sera fêtée à la caribéenne, rhum, danses langoureuses et boom bass inclus.





Pistolet à eau vs flingue pour de vrai






procession de la virgen del Carmen