Pour la dernière nuit en mer, je suis de dernier quart : je veille de 5h à 8h. Abalone est repassé sous voile depuis quelques heures. Le vent est portant, la mer plutôt caressante. Et au loin des lumières. On voit la terre, pour la première fois depuis 5 jours. C'est l'île de Porto Santo, juste avant Madère. Quelques petits points lumineux qui se multiplieront alors qu'on avance. Étrangement, la terre en vue ne me fait que peu d'effet, bien moins que la magie de ce bateau qui file au vent vers cette autre île qu'on espère.
Porto Santo passée, on aperçoit les premiers phares de Madère. Là c'est autre chose. L'île se dessine au fil des milles, et j'ai du mal à la quitter des yeux, comme si elle risquait de disparaitre si j'arrêtais ma veille. Mon quart s'achève au lever du soleil. J'hésite à réveiller tout le monde au son de "Macumba" qui me trotte en tête par homonymie latente (oui, toi aussi, apprécie mon humour qui s'amarine). Mais je me recouche juste en souriant.
L'île est volcanique et ça se voit de loin. Des côtes escarpées, découpées, incroyables, des nuances noires, rouges, ocres, qui ondulent sur les falaises. Ça me rappelle ces Açores que j'aime tellement. C'est un véritable show de la faune locale qui nous accueille. On en oublierait presque que la barre ne répond plus.
Démonter le boitier de la barre à roue avant d'arriver au port, pour se faire à l'idée que non, vraiment, rien à faire, le cable est mort |
Abalone se repose donc ici, dans la petite marina de Quinta do Lorde.
A terre aussi, je suis séduite. Au sud, l'île est verdoyante est accueillante. Les maisons blanches sont semées au milieu des champs de bananiers. Ca monte et ça descend incessamment, cette île serait donc faite en vagues ?
L'ami Filipe est le meilleur guide et nous fait aimer son île plus encore. Il faudra tester tous les punchas : le traditionnel au miel, celui des pêcheurs au citron, et celui qu'on va goûter dans un rade haut perché où l'on dit qu'ils sont les meilleurs de l'île. Orange, maracuja et sueur, un cocktail forcément détonnant.
On loupera juste le Pé de cabra mais Filipe et sa douce m'ont fourni la recette : 20 cl de vin sec d'ici, une bière brune, une cuillère à café de cacao en poudre, des zestes de citron et du sucre. Pé de cabra veut dire pied de chèvre...
Sur ses bons conseils, on part en rando. 2h de marche aller vers une chute d'eau 100m plus haut perchée encore. On est au Nord de l'île, l'air se rafraichit. Mais surtout ça sent la forêt millénaire, on respire verts, la vue est incroyable et on est des indiens.
Madère est intense, dans ses couleurs, ses virements et ses virages, ses vues et ses visages. Et on n'en a vu qu'un tout petit bout. Je reviendrai, je l'ai promis. A moi, à Filipe et à la forêt.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire