mercredi 25 février 2015

Carnavalera

Et puis, j'ai eu la chance de découvrir le carnaval de Barranquilla, "el mejor carnaval de Mundo" como dicen, qui franchement n'a rien à envier je pense ni à celui de Granville, ni à celui de Douarnenez, ni même à celui de Dunkerque, c'est dire !



Ce carnaval, Julian et sa mère Maritsa me l'avaient évoqué dès mon premier jour à Bogota : je DEVAIS aller à Barranquilla... D'abord hyper enthousiaste, j'avais été tout à fait refroidie en réalisant l'ampleur de l'événement, et donc ses conséquences : plus un hostal ni un canapé de dispo. Et j'imaginais de fait une locura gringa, saoule et furieuse, trop démente pour mon esprit bien tranquille du moment. Sauf qu'une petite semaine sur la côte avaient échauffé ma curiosité : le carnaval commence bien avant, et la dernière semaine, tous les environs se parent de fluo et de paillettes, les maisons, les magasins et les gens eux-mêmes se font carnaveleros, et ce dans chaque ville et village jusque Santa Marta, à deux heures de Barranquilla.

J'ai fini par m'échapper pour le dernier jour de carnaval, sans trop savoir où je passerai ma nuit, mais avec deux plans de copains à rejoindre, ce qui est assez pour motiver l'aventure. J'ai retrouvé une toulousaine et son boss, bossant tous les deux dans le son à Toulouse. Après avoir organisé une soirée sur les sound systems colombien l'an dernier aux musée des Abattoirs, ils ont plein de contacts musicaux colombiens, notamment à Barranquilla.


Nous voilà donc tous débarquant chez William et Daisy, un couple d'une cinquantaine d'année, dans un barrio populaire à une demi heure du centre-ville. William est peintre, spécialisé dans les picos : il peint sur les sound systems qui enflamment notamment le carnaval. Il peint en fluo, des motifs souvent bien kitchs, ça en jette à souhait.  Il nous fait visiter son atelier, enfin la petite pièce au fond de sa maison où il bosse.

 
Et là, avant qu'on ai eu le temps de comprendre ce qu'il se passait, on se retrouve avec des bières à la main, des assiettes aux odeurs incroyables, et on est invités d'honneur de cette journée de carnaval. Ils nous offrent des chapeaux, on rencontre toute la famille, on va visiter la grand mère, le neveu nous garni des bières qu'on déguste au coin de la rue.


Seule manque Genesis, la fille et  princesse de la famille, qui a été reine du carnaval à 6 ans, et qui danse et défile tous les jours depuis le début. On la croisera plus tard, puisqu'on passera toute la journée avec la famille, nous trimballant de pico en pico pour voir les peintures de William, où, seuls gringos du barrio, on est les stars un peu partout.




 La nuit fut longue, dansée, rie, et tous ses verbages joyeux. On en a vu de toutes les couleurs, tout le monde danse, à tous âges.


A Barranquilla, le carnaval commence au début de l'année, on se souhaite un "feliz año nuevo y feliz carnaval", puis on se prépare. Puis tout s'arrête, plus personne ne travaille à part les taxis et les bars, et tout le monde est dans la rue, tout de paillettes et de plumes vêtus, à voir les défilés, à danser, à se balader, à sourire beaucoup.















Le carnaval de Barranquilla nous a donné beaucoup d'énergie, mais la fête jusqu'à l'aube nous en a pris beaucoup aussi. Le jour d'après manque un peu de couleur et de fluo. Mais je pars en trouver ailleurs.

mardi 24 février 2015

En images


Parque Tayrona



En trois semaines, j'ai respiré les airs les plus crades de la haute perchée Bogota aux plus purs du Parc naturel Tayrona ou des hauteurs de Minca. Je me suis faite réveillée par des oiseaux ou des singes, j'ai appris à reconnaître le cri du toucan. J'ai vu des lézards bleu fluos, des fleurs de toutes les couleurs, des plages paradisiaques, des fourmis énormes, et des insectes volant encore plus gros...


Villa de Leyva

Villa de Leyva

autoroute de fourmi routges géantes au Parc National Tayrona


Bleu

Bleux, Tayrona



Tayrona


Livraison à domicile avant même la sortie du nouvel album qu'il faut courir écouter : http://musique.fnac.com/a7965581/Groove-Catchers-53-CD-album


lundi 23 février 2015

Locombia - D'abord Bogota

La Colombie... Je fantasmais cet endroit depuis longtemps, surtout grâce aux gens rencontrés le long des chemins, ceux qui contaient monts, rios et merveilles, ceux qui par leur buena onda donnaient envie de venir découvrir leur pays. Les Amériques plus Suds me sont plutôt familières, mais ce grand pays au dessus de l'Equateur, à la croisée des Andes, de l'Amérique centrale, des Caraïbes, de l'Amazonie m'attirait par ses mille visages. Après quelques semaines ici à mon rythme lent de voyageuse (pas si) solitaire, je n'en ai découvert que des petits bouts, mais j'aime, j'aime, j'aime.

De France, on voit surtout les Farcs et Pablo Escobar, et la Colombie fait un peu peur quand on ne l'aperçoit qu'à travers le prisme forcément déformant d'une toute petite lucarne malveillante. La Colombie est en guerre civile depuis 30 ans, mais cette guerre entre les Farcs et l'Etat s'exprime dans régiones bien délimitées et connues qu'il faut bien sur éviter. A côté de ça, le pays avance toujours, malgré ses routes pleines de trous et la corruption, et il surprend par son énergie.


Bogota depuis Montserrat

A Bogota, on fait gaffe, on ferme tout à clef, les agents de sécu sont partout, on se balade avec le sac à dos sur le ventre, on se déplace en taxi la nuit... On, c'est tout le monde, pas seulement les touristes sirotant leur 'chicha' à La Candelaria. Mais je crois que c'est un flip de grande ville, de sauvages capitales,  toujours noyau d'inégalités, elles mêmes faisceaux de violence. Mise à part cette vigilance quand aux biens matériels, plus de l'ordre de l'habitude, dans les rues de Bogota en journée, aucune tension n'est apparente, aucun stress n'est palpable. On marche tranquillement, ça rit, ça boit, ça fume, ça se pause, ça regarde des spectacles de rue, ça fait du shopping, ça sort, ça danse jusqu'à l'aube...





photos : Julian Manrique

lundi 2 février 2015

Une pedazo de Cuba : Barracoa

Un saut à La Havane pour rencontrer les potes de Juliette et découvrir l'école de ciné de San Antonio de los Baños, et je repars.


Piscine olympique de l'école de ciné

Sur les murs de l'école, M. Chat et le chat de Chris Marker, comme à la maison...
18h30 de bus, à l'Est toute : Barracoa

Intéressant aussi d'observer ces routes plutôt vides, tout ces gens qui attendent au bord des chemins un ride de stop ou un camion, moyen le moins cher de se déplacer. On sait qu'il passera, le temps et l'attente ici sont des choses qu'on sait relativiser.







Baracoa est un peu la Bretagne de Cuba niveau précipitations. Il pleut, beaucoup, et très fort. La veille de mon arrivée, la journée n'avait été qu'une énorme averse tropicale. J'ai eu plus de chance pour mon premier jour sur place, accalmie jusque la fin d'après midi qui m'a permise de sauter directement du bus à l'ascencion du Yunque, le rocher qui domine la ville. Dans la boue, avec quelques glissades certes, mais élégantes, j'ai pu grimper en haut de ce cailloux après 2h dans la jungle avec deux petits couples rencontrés sur le chemin et Manuel, le guide du parc national qui a l'air de danser quand il se balade dans la forêt, tandis que nous les yumas (les étrangers), on se rattrape aux branches.



Pour mon second jour, les nuages ont terrassés mes envies de prendre un bus pour aller lézarder au "soleil" sur une plage plus au nord. Du coup, j'écris. Et quand la pluie se calme, je marche, vers la plage. Je prends quelques photos avec les restes de mon réflexe, plutôt incontrolables. Je me balade sur le Malecon, le long de la mer, toujours ça va, bien que l'accumulation de déchets ramenés à la côte par les vagues de l'Atlantique fait peine à voir.
L'Atlantique depuis le malecon de Barracoa

Je venait à peine de me débarrasser du énième cubain m'assurant qu'il fallait absolument qu'il m'enseigne la salsa, quand je rencontre un gars avec un gros sac de jute sur le dos. Il m'aborde en español, bueno, sinon je prétend ne pas parler anglais. On discute un moment, tranquilos. Il fait de l'artisanat mais moi je voyage, je n'achète pas d'objets. Il me raconte qu'il emmène parfois les touristes sur la pointe en face, dans un parc naturel dans lequel il y a un mirador avec un superbe point de vue et une grotte où on peut se baigner.

Il est buena onda, les 5 pesos qu'il demande pour monter là haut seront partagés entre lui et la famille qui ouvre sa finca (son terrain agricole) pour libérer l'accès au mirador et à la grotte. Je n'ai pas de plan pour la journée, on m'en offre un sur un plateau d'argent. En plus de me faire découvrir ce parc, ses routes de terres rouges défoncées, ses flaques oranges, ses arbres, ses graînes, on discute de la vie cubaine, de sa vie cubaine.






Boca de Miel, village de pêcheur à l'embouchure de la rivière




Un pedazo de Cuba : Viñales

Après quelques jours déjà, je m'échappe de La Havane. Direction Viñales, à quelques heures à l'Ouest. Un petit village, une vallée sublime qui semble sortie d'une époqué oublié. Voire sortir le cou d'un diplodocus entre deux palmiers ne m'aurait même pas surprise.

Réveil face aux mogotes, aux champs de tabac, à la terre rouge et à une casa de secar en construction

Viñales est une sublime campagne et je réalise soudain que c'est la première fois depuis quatre mois que je suis loin de la mer. Je respire fort, je lève les yeux, Orion est là et les étoiles sont toujours aussi fascinante. Ca ira.

Alors pour oublier, j'ai marché dans des champs, remonté à cheval, fumé un cigare, pris des petits dej au milieu des poules, mangé divinement, regardé, pensé, écrit. C'était bien.

Grand petit dej, encerclée de poules


Oh oui, les arbres


Monsieur roule son cigare

Tentative peu fructueuse de dégustage de puro

Tandis que ma camarade d'étape Rachelle, elle, a de suite la classe à la cubana







Le seïba, proche du baobab, est respecté des fervents de la santeria, et des supertitieux. Les esclaves déjà le tenait en admiration pour son apparence proche des baobabs des terres dont ils avaient été arrachés. On fait des offrancdes dans ses racines, on peut en faire trois fois le tour et lui demander d'exhaucer un souhait. Et on ne trouvera jamais quelqu'un pour en abattre un qui serait trop invasif...