Au début, les premières heures, on filait à 7 nœuds avec seulement le génois, c'était bien. Mais ça n'a pas duré :) Un ciel noir, quelques gros grains, des heures de pluie, et le moteur s'est de nouveau imposé.
Des heures en mer, et à part trois cargos, rien, personne. C'est fou de se dire qu'il n'y a personne autour sur des kilomètres. Je reste faire la vigie, parfois la brume tombe et on voit à 10 m. Parfois, elle se lève mais on est toujours les maîtres des environs. Je suis trempée jusqu'au os, la peau frippée comme une vieille en thalasso. Quand je remarque qu'en fait on n'est pas si seuls. Sur l'écoute de génois, un passager clandestin a pris place.
Jean-Michel Loiseau est un type chanceux. Enfin un type, on se comprend. Sûrement bringuebalé par un fort vent qui l'a ddésorienté, il volait épuisé quand il a trouvé Abalone pour oasis. Il est trempé et éreinté, mais il s'accroche malgré la gite. On s'attache l'air de rien à cet équipier inattendu. Il n'est plus là, on le cherche. Il a seulement changé de support, remonté dans les haubans, c'est bien plus stable et moins fatiguant pour ses gambettes de piaf. Il passera quelques heures avec nous, le temps de sécher et de profiter du ride qui le rapproche des côtes d'Ibiza... J'espère qu'il y fait la fête à cette heure-ci.
LEXIQUE :
Le génois, c'est la voile avant, c'est qui prend le vend par derrière, qu'on appelera aussi foc, d'où l'expression...
L'écoute de génois, c'est la corde qui sert à régler cette voile.
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