jeudi 18 septembre 2014

Fornells, Menorca, Baleares, ES

Ca y est, on est partis pour de vrai.

Je vous écris de Fornells, sur l’île de Minorque aux Baléares. Après une arrivée de nuit assez impressionnante à naviguer dans le noir dans un goulot, le réveil a été des plus doux : une baie abritée avec mer d’huile (des plus appréciables après deux jours de gite non stop), des petite maisons blanches, et une eau qui te demande de t'y plonger dès le réveil. 10 degrés de plus qu'à Saint-Malo, après la sieste je m'y jette.


Le petit départ a eu lieu lundi de Toulon. A 17h comme prévu, un comité de départ nous a poussé vers le large. Il y avait même un sonneur, poussant les adieux dans son biniou...

Petit départ car on a passé la nuit juste en face. C’est mardi qu’on a vraiment quitté la côte, pour deux jours de navigation. Après des départs en vent arrière un peu compliqué (pas une bonne allure pour ce rafiot), on a tracé au bon travers, les trois voiles gonflées à blocs comme nous.

Pendant une première pause Ricard mardi matin, le wizz du moulinet nous appelle. Une touche, une vraie sur la ligne de traîne. On a déjà perdu un rappala (ce leurre, faux poisson en plastique pour berner nos proies) un peu plus tôt, alors celui-ci on se dit qu’on l’aura. Pierre se donne à toutes sueurs pour remonter ce foutu thon qui résiste. Le moulinet lâche, tant pis, il finira au tournevis. Enfin la bête approche, on la voit, on l’a presque, 6kg de viande fraîche au bas mot.
Touts en sueurs et en excitation, on voit notre menu des jours suivants se faire la malle juste avant qu’on ai pu le récupérer. Notre matériel de pêche est foutu et on devra se contenter des provisions. Mais j’ai quand même une photo pour vous prouver qu’on ne l’a pas rêvé.

Premier quart de nuit sous les étoiles, ces ciels qu’on a oublié après quelques années en ville. Et mes souvenirs des étoiles qui ne reviennent pas. Faudra que tu me redises P’pa où trouver Bételgeuse ou Aldebaran.

En Bretonne, j’ai toujours eu ce préjugé de la Méditerranée, comme un lac, une mare, limite croûpie puisque sans marée, un truc informe. Bien sûr, c’est tout faux.

On a filé 7 nœuds de moyenne, des pointes à 8, une belle mer bien formée pour nous rappeler qu’on est tous petits au milieu de ce bazar. A cette époque de l’année, on a croisé peu de monde, quelques cargos, deux paquebots.
Abalone est un ketsch des chantiers Amel, un vieux pépère construit en 1976 (attention, prenez pas ça pour vous les vieux, on parle bien d’un bateau, vous êtes tous jeunes et vigoureux), mais il tient bien ces bons creux qui nous ont secoués. Notre sommeil par contre a été des plus légers, roulés qu’on était dans cette houle de large.

Après, quoi vous raconter, c’est la mer, beaucoup de temps à penser, comater, rêver, imaginer. Je parle avec vous les copains des fois. Souvent, dans ma tête, c’est la teuf, on est pleins. Et puis je me fais réveiller des songes par des paquets de mer sautant sur le pont. Vu notre salaison après deux jours de mer, on tente d’imaginer notre état après de plus longues traversées… Mes cheveux tendent vers les dreads, je ne vous promets pas d’y échapper…

On est arrivés assez éreintés. Ici au mouillage, on reprend des forces, du calme et de la bière fraîche. 
Notre premier beau coucher de soleil, pour vous, avec amour :
LEXIQUE : 
1 mile nautique = 1,852km
1 noeud = 1 mile par heure

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