Pour ton divertissement cher lecteur. Il y en a d'ailleurs sûrement plus,mais sept sonne toujours bien.
La première photo a été prise au départ de Lanzarote aux Canaries.
La seconde au grand large de Sainte-Lucie, peu de temps avant l'arrivée.
On n'est pas en vacances. On ne fait pas le "tour-du-monde". ON EST EN VOYAGE.
mercredi 24 décembre 2014
vendredi 19 décembre 2014
Et d'une arrivée, ou "Terre en vue
Un mercredi de décembre, en fin d'après-midi. Après quelques heures à lire les pieds dans l’eau et le reste dans le soleil plombant (je lisais les aventures de Le Toumelin qui a fait le tour du Monde sur un voilier nommé Kurun, entre 1949 et 1952. MONOMANIE), j’ai décidé de m’adonner à mon sport quotidien : la chasse à la baleine. Pas de chasse pour de vrai, t'en fais pas, c'est juste pour me la jouer Prévert, mais c'était un simple gué. Et pas de baleines non plus d'ailleurs. N'empêche que je les ai cherché les bougresses. Donc voilà que je m'installe la gueule au vent à la proue. Dernier jour de "liberté” sans horizon bouché. Et là, et merde. Est-ce que je peux croire ce que je vois ?
Je demande conseil à un ami : “Paupaul, c'est la terre là, ou c'est des nuages ? “. Je vous jure que ça parait bizarre comme ça, mais c'est très possible de confondre terre et nuages. N'empêche que pas cette fois. On apercevait donc Sainte-Lucie à l'horizon, et je gagnais la double dose de rhum due au premier qui voit la terre.
Voilà donc comment mercredi dernier, Sainte-Lucie, première terre depuis 17 jours, s'est dévoilée à nous. Pour fêter ça on a monté le spi, comme on aurait mis nos plus beaux habits (sauf que contrairement à nos plus beaux habits, lui était encore propre). Puis on a réalisé qu’on n'avait pas de pavillon de courtoisie pour cette petite île indépendante donc on s’est lancé dans la fabrication d'un pavillon dont le résultat n'est pas piqué des hannetons.
Le pavillon Delta s'est fait ratiboisé ses deux bandes jaunes, qu'on a transformées en montagnes, puis au marqueur on a tracé le second piton du drapeau Sainte-Lucien. Quelques coutures détricotées, deux bandes de scotch à voile de chaque côté et voilà un pavillon grand style pour notre retour à la terre.
RECETTE : fabrication d'un pavillon de Sainte-Lucie
Etae 1 : priver le pavillon delta de ses deux bandes jaunes latérales pour obtenir un rectangl | e bleu |
Etape 2 : transfoormer les deux bandes jaunes préalablement retirées en triangles jaunes, qu'il faudra coudre au coeeur du rectangle obtenu à l'étape 1 |
Etape 3 : dessiner un second triangle en utilisant un marqueur noir indélébile |
jeudi 18 décembre 2014
A bord
Abalone est svelte avec un joli petit cul, il est charmant mais fort rouleur, le coquin. On est donc souvent penchés et secoués, il faut constamment s'accrocher et faire en sorte de défier la gravité pour faire tenir corps et biens sur un terrain mouvant. Heureusement qu'on change parfois de bord, on risquerait de se transformer en dahuts des mers. Quand ça bouge trop, tout devient plus compliqué. On se contente de bouffes simples et on mange assis au fond du cockpit pour pouvoir se caler. Les antidérapants étaient nos meilleurs alliés dans cette lutte contre l'inclinaison perpétuelle.
La bouffe est un des points les plus importants en mer. Ça rythme la journée et maintient le moral.
Sur une transat, les manœuvres de voiles sont très limitées, on peut passer plusieurs jours sans toucher trop au gréement. Chacun vaque alors à des occupations diverses : la lecture, la pêche, le bricolage... Mais une journée type sur Abalone se construit essentiellement autour des repas, de leur conception à leur digestion. Cet exercice se complique au fur et à mesures que les vivres fraîches diminuent. On n'a pas de frigo sur notre bon vieux ketch, or après une semaine en mer, toute la glace de la glacière s'était faite flaque. L'avantage étant que sans frigo, le beurre est toujours parfaitement onctueux pour tartines le matin. Oui m'sieurs dames, le bonheur c'est aussi réaliser ce genre de choses simples, comme l'optimisation du tartinage de biscotte.
Quand l'Amiral fait office de table |
Parfois le miel coule. On se raconte nos quarts et on se demande quel jour on est. On ramasse aussi les poissons volants échoués sur le pont pendant la nuit. On n'en a jamais eu d'assez gros pour tenter la friture (on a même récupéré le plus petit poisson volant imaginable, et ainsi gagné le concours du plus petit exocet ramassé, faute de se distinguer à celui du plus gros poisson pêché), mais notre pote Jonathan de Sol nous racontait que frits, ils sont un doux mets pour le marin affamé.
Plus petit exocet de la flottille, et ouais ! |
Rémi au petit dej |
12h UTC (temps universel) : "le posit" : nous devions chaque jour envoyer notre position (lattitude/longitude) et nos infos météo et anecdotes de navigation à midi en temps universel.
Le fait est que sur Abalone, autoproclamé République indépendante d'Abalone (Commune libre m'aurait mieux plu, m'enfin), nous vivions à l'heure qu'on voulait et changions fréquemment de fuseau horaire, à notre bon coeur. Le but était que le soleil continue à se lever pendant la dernière heure du quart du matin, donc entre 8h et 9h temps Abalone. On est donc partis du Cap Vert en heure Zoulou, puis on est passés en Bravo (l'heure française je crois), puis on est repassés en Alpha, puis Zoulou, puis Yankee, puis X ray. Arrivés à Sainte-Lucie, nous sommes passés Victor pour tenter de se rephaser avec la civilisation et ses normes. Du coup, les premiers posit étaient à 13h, et à la fin de la traversée, les café à peine avalés que nous envoyions nos infos.
Les officiers com en action pour le posit |
11h30/12h : on commence à se dire qu'il serait temps d'envisager à songer à l'apéro. La préparation du déjeuner suit. On termine souvent au café en début d'après midi.
Fin du frais + 2 jours : ça commence à puire dans la glacière |
Ensuite c'était logiquement sieste, au soleil pour "les miss" comme nous appellent les hommes du bord. Lecture, bullage, pensage, écriture, dessin, comptage des vagues et chasse à la baleine occupent l'après-midi.
Philippe et son sextant de poche |
Pierre, styliste |
En fin d'aprem, le soleil entame sa redescente et on commence à se demander si ça sera un jour à rayon vert. En général, ça ne l'ai finalement pas, puisqu'on ne l'a vu que le soir de notre dernière nuit de traversée. Oui on l'a vu, et non ça n'était pas le citron dans le ti-punch, on était alors à cours de ce genre de petits plaisirs frais.
Du coup, on devait systématiquement noyer cette absence de phénomène naturel vert en levant nos verres. Puis arrive l'heure du dîner qui finit souvent pendant le début du premier quart de nuit (rebaptisé "quart social", car on le passe rarement seul).
Cette routine n'en était pourtant jamais vraiment une, tout dépendant que nous étions de l'autour et des éléments. Une belle prise en pêche occupe ainsi un bon moment, puisqu'il faut ensuite lever les filets et que la règle du bord était que celui qui pêche cuisine ensuite sa prise.
Une dorade de nuit, enfin de petit matin |
Si tu connais le nom de ce poisson, ça nous intéresse |
Un bonne averse, rencontrées seulement sur les dernier sjours de mer, mettait fin incessamment aux activités de chacun : on sautait alors sur le pont en maillot pour tenter de profiter de ce rab' d'eau douche pour un rinçage voir une douche.
Et puis on s'inventait des divertissements. Quatre bouteilles de pifs contenant des messages on était lancées pendant cette traversée. Pas de cartes au trésor, mais des mots gentils, des dessins, de l'espoir et une citation de Romain Gary (non je ne peux pas m'en empêcher). Elles doivent aussi faire route vers l'Ouest. Qui sait, peut-être qu'on en entendra reparler...
Officiers com version 1.0 : bouteille à la mer |
Lancer de bouteilles |
En mer, en océan
On aurait pu mettre 15 jours, si on n'avait pas rencontré une belle pétole de milieu d'océan. On aurait pu en mettre 21, si celle-ci s'était faite beaucoup plus gourmande. 17 jours est un joli milieu. 17 jours au milieu du grand bleu, ça ne s'imagine pas trop. Je vais tenter de vous en décrire des bouts, mais vous feriez mieux d'essayer !
Nos plus longues traversées jusqu'ici avaient durer 6 jours, entre Tanger et Madère, et entre les Canaries et le Cap Vert. Sur ce genre de durée, on commençait souvent à trouver le temps long au bout de 4 ou 5 jours, tout impatients qu'on était d'arriver pour retrouver la terre, les copains, les bières fraîches et l'eau courante. Mais était-ce parce qu'on savait qu'on partait longtemps, ou bien parce qu'on n'était finalement pas si impatients d'arriver (enfin, ça a varié selon les gens et les moments), le temps sur cette traversée s'est écoulé bien différemment.
On avait beau (oh oui, si beau) être dans le bleu, entourés seulement d'horizon, de nuages, et d'étoiles, chaque jour était incroyablement différent. Après un départ super rapide dans une mer déguisée en champs de montagnes (ne croyez pas ceux qui pensent que le niveau de la mer est d'altitude nulle, c'est un mythe) nous faisant tanguer à tout va, on a connnu la pétole puis de doux alizés comme on les rêvait. Le temps changeait, le vent pas tellement, Abalone filait surtout au grand largue ou vent arrière, un gênois tangonné et la GV retenue.
Par petit air, 10 à 15 noeuds de vent, on peinait un peu avec les voiles. Mais en vent arrière et de jour, c'était des conditions idéales pour sortir le spi. Le spi d'Abalone étant également un vétéran, sous-dimensionné par rapport au bateau et sorti de la torpeur d'une retaite sûrement mérité en fond de cale, il a mis un peu de temps à retrouver de la vigueur. Mais après quelques tentatives, quelques déchirures, et le travail acharné de petites mains habiles (Philippe et surtout Pauline ont cousu des heures pour notre salut collectif), on a pu profiter des couleurs vives et du rythme doux d'une nav' sous spi, un bonheur absolu quand on sort de plusieurs heures de moteur.
Nos plus longues traversées jusqu'ici avaient durer 6 jours, entre Tanger et Madère, et entre les Canaries et le Cap Vert. Sur ce genre de durée, on commençait souvent à trouver le temps long au bout de 4 ou 5 jours, tout impatients qu'on était d'arriver pour retrouver la terre, les copains, les bières fraîches et l'eau courante. Mais était-ce parce qu'on savait qu'on partait longtemps, ou bien parce qu'on n'était finalement pas si impatients d'arriver (enfin, ça a varié selon les gens et les moments), le temps sur cette traversée s'est écoulé bien différemment.
On avait beau (oh oui, si beau) être dans le bleu, entourés seulement d'horizon, de nuages, et d'étoiles, chaque jour était incroyablement différent. Après un départ super rapide dans une mer déguisée en champs de montagnes (ne croyez pas ceux qui pensent que le niveau de la mer est d'altitude nulle, c'est un mythe) nous faisant tanguer à tout va, on a connnu la pétole puis de doux alizés comme on les rêvait. Le temps changeait, le vent pas tellement, Abalone filait surtout au grand largue ou vent arrière, un gênois tangonné et la GV retenue.
Par petit air, 10 à 15 noeuds de vent, on peinait un peu avec les voiles. Mais en vent arrière et de jour, c'était des conditions idéales pour sortir le spi. Le spi d'Abalone étant également un vétéran, sous-dimensionné par rapport au bateau et sorti de la torpeur d'une retaite sûrement mérité en fond de cale, il a mis un peu de temps à retrouver de la vigueur. Mais après quelques tentatives, quelques déchirures, et le travail acharné de petites mains habiles (Philippe et surtout Pauline ont cousu des heures pour notre salut collectif), on a pu profiter des couleurs vives et du rythme doux d'une nav' sous spi, un bonheur absolu quand on sort de plusieurs heures de moteur.
Début de déchirure sur la têtière du spi, pourtant déjà raccomodée |
Tout l'équipage en alerte pour tenter de sauver le joli spi |
pétole ? oui, mais le spi ! |
D'un départ
Abalone au ponton à la Marina de Mindelo |
Le départ (LE GRAND DEPART) a eu lieu un lundi à 14h, à l'unisson avec nos copains des voiliers Eraünsia et Embellie V. Imagine et Diadème ont été aussi du tir groupé. Les cambuses étaient pleines, les réservoirs aussi. Cinq bidons jaunes arnachés à l'arrière nous offraient un petit rab sur nos réserves d'eau limitées, crainte qui nous tiraillait un peu (on était arrivé à Madère à sec après 6 jours de traversée, or là on partait pour 18 à 20 jours...). Des filets à fruits avaient poussé dans la "cuisine", un régime de banane encore verte était notre salut pour espérer avoir des fruits passée la première semaine. Non nous n'aurons pas le scorbut !
Filets à fruits et régime de bananes |
On a quitté le ponton sous les sifflets, casseroles et autres expressions d'encouragement du gros de la flottille qui partait le lendemain.
On est passé saluer Pierre sur Cabochard, au mouillage dans la baie, puis on a quitté le port et laissé la terre devenir toute petite.
Salut d'Abalone à Pierre sur Cabochard au départ de Mindelo |
On avait prévu un départ groupir mais on s'est échappés avec un peu d'avance. Ca n'a pas suffit : plus grands et mieux toilés, les bateaux amis nous ont doublés rapidement. On a pu communiquer quelques heures seulement, et à la fin de la première nuit de mer, ils avaient déjà disparus de notre horizon. Tant pis, la bataille navale hauturière lancée sur VHF aura lieu par messages interposés grâce au téléphone satellitaire (que nous appeleront Iridium de son petit nom). A nous le grand large, la haute mer, l'horizon partout et tout le temps.
Eraünsia à quai pour les derniers pleins avant le départ |
Embellie V, pour la dernière fois dernière nous, au départ de Mindelo |
Dès le lendemain, nous étions donc déjà seuls, mis à part quelques oiseaux et les dorades coriphènes apparemmment bien décidé à ce qu'on n'attaque pas dde suite nos provisions pour trouver de la protéine qui rend le marin fort et vaillant. Sous le soleil et dans le gros vent, on se faisait secouer mais on avançait vite. En pause écriture à l'avant avec Pauline, je lève le nez et réalise soudain que quelque chose ne va pas. Doucement, tranquillement, le gênois s'échappait. Le manillon le maintenant en tête de mat avait lâché, et la voile descendait donc avec un drôle de flegme paresseux.
Gênois en grêve, mais on n'est pas stress |
On l'a choppé avant qu'il s'échappe, et il a fallu monter Philippe en tête de mat pour aller débloquer le bazar resté perché. Voilà comment cette traversée a débuté : une drôle d'avarie mais rapidement maîtrisée. Une fois regrée, Abalone a repris son rythme de croisière rapide et nous nos diverses activités dont je vous parlerai bientôt.
dimanche 23 novembre 2014
Transatlantique
Ca y est, dans 24 heures, on sera partis, décollés du ponton où on se balance depuis quelques jours entourés de nos copains marins et de boissons fermentées à base de canne à sucre.
L'arrivée à Mindelo, notre dernière étape terrestre, a été magique de suite. On accoste à côté d'un bateau qui me dit quelque chose sur lequel un mec me dit quelque chose. C'est Cabochard, le bateau de Pierre et Chantal Ory, des potes de mes parents. ils étaient là tous ensemble il y a 30 ans, mes parents sur Malamok, Pierre et Chantal sur l'ancien Cabochard. Là, c'est moi qui tombe dans les bras de Pierre une fois sautée sur le ponton.
Retrouvailles et caïpirinha |
Le bateau est presque prêt, et nous aussi.
Demain, 14h, on s'échappe en gang de voiliers amis cueillir plus d'horizon.
A bientôt les loups de terre, dans 17 à 20 jours, sous d'autres longitudes.
mardi 18 novembre 2014
"Petit pays, je l'aime beaucoup"
On est arrivés au petit matin sur le côtes de l'île de Sal. Je fantasmais le Cap Vert depuis longtemps, et je ne suis pas déçue. Ici je reconnais un peu les Antilles, Pauline elle y voit le Gabon. On trouve le petit peu qu'on connait, et plein d'autres choses aussi. On a mouillé à Palmeira, petit village de pêcheurs dont la moitié de la population semble être des enfants, qui sont les rois des rues.
Abalone en mode BG, au soleil couchant d'Afrique |
Biblioteca municipal |
La brouette, indispensable pour transporter l'eau, sert aussi bien pour les copains |
Fin d'aprem, les gosses sortent de l'école pour une séance de sport sur la plage |
Forcément, d'autres gosses s'amusent aussi (oui je sais, Pauline saute TOUJOURS plus haut que moi) |
Elle lisait, debout, seule, au milieu des épaves de bateaux |
Un dimanche matin tôt pour notre dernière sortie à terre avant d'appareiller pour une nouvelle île, on s'est posés près de l'église avec Pauline. Les portes grandes ouvertes permettaient aux chalands qui passent de profiter de la messe sans s'aventurer dans l'église bondée. Les enfants avaient bien leur carnet de chant de messe, mais préféraient tout de même la pêche à la crevette à l'omélie. On a retrouvé Loucas, notre péposé aux amarres de l'annexe depuis l'arrivée. Un petit bonhomme de 10 ans qui baragouine pas mal français, le fils du mécanicien des pêcheur, il connait tout le monde. A le croire, tous les gosses autour ou presque sont ses cousins.
Loucas et son cousin Vicky |
Pendant cette messe de dimanche, Loucas est devenu reporter. Avec ses gants de Pirate des Caraïbes ("les Caraibes, comme la où tu vas"), il prenait bien soin de mon appareil alors je lui ai confié. Voici donc le reportage de notre pote Loucas :
Derrière moi, l'église se remplit tranquillement, une demi heure après l'heure annoncée de la messe |
Malgré tout ces sourires, on a quand même quitté Sal. On est à Boa Vista depuis deux jours, à Porto Sal Rei, voici la plage où on débarque et on se baigne en attendant l'annexe si on s'est fait déposés :
Et on repart cette aprem, pour une nouvelle île et de nouvelles aventures.
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