dimanche 16 août 2015

Panama : chasse au trésor et errances pirates

Puis on s'est envolé dans le plus petit coucou de l'histoire des avions de notre vie : 12 petits sièges, pas d'allée centrale, pas de séparation entre cockpit et passagers, les pilotes à portée de main. 
Moins d'une heure de vol séparait l'étonnant calme de notre jungle darienne  de la folie de la grosse Panama city. On a donc débarqué à Babylone, entre grattes ciels hyper modernes et centaines de cargos en transit. Choc un peu rude mais on sait ce qu'on vient y faire : on veut naviguer. Panama ciudad ou Panama city, c'est la sortie du canal du même nom, les bateaux qui s'échappent des Caraïbes pour retrouver la liberté du grand Large arrivent ici. Et ça tombe bien, c'est aussi ce qu'on veut. 







C'est encore un petit tournant de notre voyage. On rêve de trouver un moyen d'embarquer sur un voilier qui partirait s'aventurer vers le Pacifique. Sauf qu'on n'est pas du tout à la bonne saison. Donc soit par grosse chance, malentendu, miracle, on trouve et on part à gauche, à l'Ouest, en océan. Soit on va continuer tranquillement à explorer ces pays du centre de l'Amérique qui semblent regorger de bien des trésors, quitte à revenir zoner au Panama à la belle époque des départs transPacifiques, en février-mars.
J'ai appris une autre phrase chez les Kunas, c'est "Ur taniki". Le bateau arrive. Ojalà...


1ere annonce; on se proffessionalisera bientôt
Dès le premier jour, on part plan en main, chercher les voiliers dans ce grand bazar de capitale. On marche des kilomètres et on raye de notre carte le yatch club où on ne trouve que des vedettes de pêcheurs au gros fortunés, puis les Marinas du Cosways où les milliardaires parquent leur petit joujou en attendant le jour où, peut-être, ils prendront la mer. On dépose quand même des annonces partout où on passe, "Jo and Ju want to sail". On ne sait jamais.











On se balade jusque la marina de Balboa. Ici se posent les navires qui viennent de franchir le Canal. Pas mal de mâts, ça nous émoustille, tout semble possible.

On pose notre excitation à la terrasse du bar de la marina. Si il y a des marins c'est bien au bistrot qu'on va les trouver. Et en effet, on discute avec deux frangins chiliens qui viennent de passer le canal de Paname. Ils nous confirment ce qu'on savait déjà : on est complètement hors saison, peu de bateaux partent vers le Pacifique, ils ont été le seul voilier à passer le canal cette semaine. Ils veulent convoyer leur bateau vers le  Chili d'une traite en 40 jours de mer et n'ont pas de place pour nos petites carcasses.  Par contre, ils nous conseillent d'aller traîner sur la côte Caraïbes, où quelques baies et marina abritent les voiliers en partance qui n'ont pas de quoi assumer les frais de la très chère marina de Shelter bay, à l'autre entrée du canal.

On a quelques noms en têtes, beaucoup d'envie, alors on refait les sacs, on quitte la grosse ville (Allelluia !) et c'est parti pour la chasse au bateau.


Libnon Bay Marina, en construction
Puerto Lindo, Panamarina, Linton Bay, Portobello... On écume les côtes, on traques les voiliers, on rêve et on rencontre pleins de gens et d'histoires. On atterri sur des îles au trésor, mais on n'a pas le plen; pi le trésor qu'on cherche n'est pas sonnant et clinquant, sauf du bruit des drisses dans les mâts, tu vois...

Atelier pliages et annonces pour les chercheurs d'embarquement
Et moi je lis Long John Silver de Bjorn Larssön, trouvé par hasard dans un de nos refuges de passage. Le récit passe par Saint-Malo puis les Caraîbes qu'on y appelle Indes Occidentales. Le décor, l'histoire, tout colle parfaitement avec ces lieux où on rode, et je vois du pirate en chacun.

C'est que ce petit pays tout étroit qu'est le Panama a été une cible idéale pendant des années. Par ici transitait l'or d'une Amérique à l'autre. Toute cette côte a été écumée par des attaques pirates. Ce boucanier de Morgan a détruit et pillé la ville de Panama. Côté Caraïbes, mêmes genres de combats. Les côtes sont fortifiées, canonnées et chargées d'histoires. Et un héritage demeure : on trouve pas mal de marins perdus dans le rhum.

Douce vie au Castillo


El Castillo, comptoir à pirates avec vue sur mer

Les épaves ne sont pas qu'humaines, partout le long des côtes dépassent des bateaux coulés, des destins surpris par les récifs coralliens. On nous raconte que 33 bateaux ont coulés aux îles San Blas l'an dernier. Et rapidement on comprend que parmi ces forêt de mats qui à l'arrivée dans chaque port nous faisaient rêver, il y a des centaines de bateaux qui ne naviguent plus, qui, abandonnés, vieillissent mals et semblent disparaitre de jour en jour, oubliés au mouillage, tel des bateaux fantômes.

Portobelo est prête, surtout que la route d'évacuation mène à la taverne de ce vieux pirate de Jack



Isla Mamey, on y est pas trop mal
On roule et on ricoche, d'une baie à l'autre, d'une piste à une autre. On rêve à chaque voile qui passe, on espère. Et puis, on tombe sur Mike. Ou bien il nous tombe dessus ?

Mike se dit kenyan, où il a grandit jusque ses13 ans. Puis ça a été la Barbade, et le retour aux terres d'origines brittaniques pour les études. Faute de boulot en Angleterre, il est parti en Equateur, guide plongeur au Galapagos c'est un beau métier pour un biologiste marin. Il a passé la plus grande partie de sa vie en Equateur et vit au Costa Rica. On a discuté un soir au village, le lendemain il nous invitait pour l'apéro à bord de Turning Point, le voilier qu'il a acheté au Guatemala et ramène tranquillement chez lui. On était déjà les plus heureux de monter dans l'annexe, reprendre pied sur un territoire flottant, voir la côte du bon côté.

Mike et Jo ramènent en youyou les nouveaux panneaux solaires pour faire de Turning Point un petit Versailles

Le lendemain, l'invitation se déclinait sous la forme d'un dîner. Un curry délicieux et du rhum sur un bateau, y'a des sourires qui se sont bien installés. Et puis on est partis deux jours avec lui. On a retrouvé la mer, qui pour l'occaz s'était fait grosse. Le vent dans les voiles et dans les cheveux. La pêche et le bonheur de se régaler des prises du jour. Que la côte panaméenne est plus charmante vue du large.

Mike sur la isla Linton, à la chasse aux singes

Ces coquins de singes araignées se déplacent sur deux pieds (si, regarde, à gauche sur la plage)

Six nuits à bord, plein de bonheur fort et en tous genres. Des dauphins, une tortue, des singes araignées qui se baladent debout comme nous, et tous ces pélicans, et les cris des singes hurleurs dès les premières lueurs pastels du petit matin...

Isla Mamey, une île au trésor

C'est pas le Pacifique, et pourtant ça ressemble fort à ce dont on avait envie et besoin. Nos recherches acharnées d'embarquement ont finalement donné quelque chose d'assez satisfaisant pour calmer un peu nos  besoins pressants de large. On se dit qu'on reviendra à la saison des départ pour retenter notre chance en Pacifique.Maintenant on peut avancer, y'a tout une liste de pays qui font rêver droit devant nous. Y'a plus qu'à. Prochaine étape, le Costa Rica.

Aterdecer au mouillage sur Turning Point

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