mercredi 10 juin 2015

Mercio McNish, collecteur et collectionneur de couleurs

Mercio Mcnish, chez lui


J'avais déjà remarqué cette baraque de béton brut dont les barreaux aux fenêtres contrastent avec la guirlande de seau de plage en plastique multicolore suspendue à l'entrée. 
Mais par l'encadrement de la porte, j'avais vu une moto à l'intérieur. Ici on rentre la moto dans la maison avant de fermer et d'aller se coucher, alors je n'avais pas insisté. 


Un matin, trop occupée à prendre des photos des différents combos de brochettes de gens motorisés, je loupe le bus qui doit me mener vers « El centro ». J'avance donc à pied, tranquillement, le long de cette route qui elle longe la côte. Je repasse devant la maison, la moto est devant. Je traverse, prend quelques photos de l'extérieur quand un vieil homme barbu apparaît : « Pasa señora pasa », Quel lieu incroyable, je peux prendre des photos ? « Bien sûr, allez, entre donc ». 

Il sort chez lui pour me laisser entrer, la pièce principale, dont les murs sont entièrement recouverts d'objets en plastique, n'est vraiment pas bien grande, et les éléments de ce décor surchargé allient leurs efforts et effets pour la faire paraître encore plus étroite. 











Une porte au fond donne sur un couloir, une autre sur une chambre, derrière un simple rideau. C'est dans cette chambre du genre aussi capharnaüm que Mercio ira chercher, sous son matelas, des dossiers d'articles découpés sur sa carrière de softballer, et de photos anciennes de sa famille. C'est aussi par là qu'il cache son revolver, "tout petit, pas plus grand que ma main", qu'il n'a pas touché ni entretenu depuis des années, mais qui repose au chaud, à portée de bras.

 


Mercio a commencé cette drôle de collection de brics et brocs colorés il y a des années, récupérant des objets échoués ou jetés. On retrouve ces deux sources de déchets déjà croisés, ceux des îliens, ceux que la mer draine. Les gens ont pris l'habitude de lui ramener des choses cassées, trouvées, abandonnées. Il a bossé dans un atelier pendant une dizaine d'année, a appris à tout réparer. 

 La pièce est notamment couverte d'horloges toutes plus kitsch les unes que les autres, et toute indiquant la même heure. Il y tient particulièrement car chacune d'entre elle a été réparée par ses soins après avoir été trouvée dans un recoin de l'île. Il en avait dix-huit en exposition, il y en a moins maintenant, il en a enlevé car ça coûte cher en piles.


 Mercio a été sportif de haut niveau ensoft ball, des coupures de presses vantent ses talents. Puis il a travaillé avec les enfants, en tant qu'éducateur sportif. 
Il est très pessisimiste sur les jeunes iliens d'aujourd'hui, qu'il dit voleurs et fumeurs de marijuana dès minots, 10-12 ans. Il se verrait bien encore travailler avec eux, à son âge, et à travers le sport, leur apporter des valeurs que les familles n'apportent plus, mais la gouverneure de la province ne lui propose pas de travail, alors qu'il la connait depuis toute petite « je réparais sa machine à écrire, et gratuitement en plus. J'ai toujours fais ça gratuitement pour les enfants ».



C'est pas un musée, c'est bien sa maison. Pas de droit d'entrée, les gens demandent et entrent. Mercio aime cette curiosité sans frontière qui poussent les gens dans sa tanière.On discute une petite heure puis je m'échappe. Je lui promets de revenir avant de partir. Je lui ramènerai des piles...






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