mercredi 7 octobre 2015

On a changé d'Amériques : quelques jours à San Francisco


San Francisco, on l'a chantée c'est sûr, autour d'un feu de camp sur une plage à marée basse ou en festival en cœur avec Maxime lui-même, tout égosillés après deux premiers jours de fête intensive.  On l'a chantée mal, faux, tard et j'espère qu'elle ne nous en tiendra pas rigueur. On l'a chantée et voilà qu'on va s'y jeter.


La quête d'un ricain disposé à nous ouvrir son canap est ardue. On jette un coup d'oeil au prix des auberges. OK, 60 dollars la nuit en dortoir, on oublie. Après quelques jours de recherche et une quarantaine de requêtes envoyées en couchsurfing, ça se décante. On rejoindra d'abord Aaron à Oakland en proche banlieue. Puis Jessica, dans le même bled.

SF nous offre bien des miracles : comment dans une ville si grande on trouve deux personnes pour nous héberger vivant à trois minutes à pied l'une de l'autre ? Comment il s'avère que dans ce même petit bout d'Oakland, on tombe sur une librairie qui vend des livres d'occasions en français pour une poignée de cents, véritable trésor avant de partir quelques semaines en pleine mer ? Comment je recroise encore ce copain en vadrouille aux chemins parallèles, que j'avais laissé la dernière fois en Equateur après de premières retrouvailles en Colombie ? Notre chance insolente et notre capacité à nous ravir de tout et peu doivent jouer dans la balance.


Tout fut intense et doux à la fois. Pas de rush mais tellement de rencontres. Du populaire et de l'underground. Et de jolies coîncidences.


Un énorme festival gratuit de bluegrass se déroule justement ce week-end là au Golden Gate Park, le plus grand parc de la ville. On commence donc notre approche Franciscaine par intégrer une jolie foule festivalière, hippie ou rockeuse ou branchée, il y en a déjà pour tous les goûts.




 





Ce même premier jour, ce musicien d'Aaron nous invite à une soirée concert au Red Poppy Art house, un lieu musical indépendant et autogéré qui me rappelle bien des squats de mes années parisiennes, bien des spots de mes mois new yorkais. 


 







Papy cubains à la percu au Red Poppy

On est à Mission, quartier latino où on se permet d'oublier de parler anglais.














Ce quartier souffre de l'arrivée des boites de nouvelles technologies, les tech crunch, les apps, les Google, qui repeuplent les quartiers populaires, offrent des salaires barbares à leurs employés, font monter les prix et entraînent l'expulsion de centaines d'habitants liés à ces quartiers depuis des générations mais plus en mesure de payer leurs loyers. Sur les murs s'affichent les visages de quelques explusés, ou délocalisés. Gentryfication sans frontières, de Paname à SF, tu nous cernes.

Une fresque en l'honneur des déplacés de Mission...

Le premier dimanche d'octobre, c'est la Castro fair, une journée de revendications se faisant fête, institutée par Harvey Milk, le fameux, dans le quartier gay de Castro. 

 






Un python en vadrouille au Castro fair day

















"La classe américaine"

Jamie dans une boutique de wok et de passoires
Le lendemain, on rejoint Jamie qui nous fait découvrir les rues du Chinatown dans lequel elle a grandit. Dans le "fortune cookie", le message m'annonce que je vais découvrir un trésor inattendu. Cet oracle m'enchante, c'est une vérité quotidienne.
 






Avec Jamie, une de nos belles rencontres de SF












 
Médecine chinoise à Chinatown

Fabrique de "fortune cookies", ces biscuits "fourrés d'une phrase enigmatique interpretable à souhait
 
Jo et Jamie examinent les prédictions de leur cookies


On s'offre quand même du vrai tourisme pour notre dernier jour, on grimpe sur un tandem et on pédale en cadence le long de la côte jusqu'à traverser cette star de Golden Bridge, en vérité bien plus plus rouge que doré. 











C'est bien un tandem : Jo dirige et moi derrière, je pédale, je ferme les yeux, je tend les bras et ça y est je vole ! 



On oublie le boucan du passage incessant des voitures qui fon résonner toutes les articulations du pont, on se concentre sur ce qui est bon, cette descente sur Sausalito pour prendre le ferry de retour, les cheveux dans le vent, l'odeur des pins.


Une autre effluve parfume aussi nos errances. C'est comme une rengaine qui revient régulièrement, sans laisser le temps de se faire oublier. A chaque block, dans le métro, dans la rue, on remue les narines et on sourit : ça sent encore l'herbe.
La Californie a légalisé la marijuana sur prescription médicale, et sa consommation est donc plus que tolérée. Alors à l'automne en Californie débarque une étrange transhumance, celle des voyageurs qui viennent chercher du boulot dans les fermes de marijuana. On les appelle les trimmigants, ceux qui viennent pour le "trimming" de l'herbe. Sans véritable plans, les employeurs se faisant discrets, la technique est d'aller rôder dans les villages de la Grass valley pour tenter de trouver des fermes qui auraient besoin de main d'oeuvre. C'est une autre ruée, vers un or, vert cette fois, et le mythe est fort : certains espèrent gagner jusque 700 dollars par jour, en bossant 15h par jours, 7 jours sur 7, pendant quelques mois.
 



Aaron à l'accordéon, Dani aux bolas, devant la maison à Oakland
Ca c'est San Francisco, la ville, la belle. En deux coups de BART, on s'en échappe, vers Oakland où Aaron nous reçoit dans un cabanon avec jardin qui fait oublier la mégapole tout près. Il sort l'accordéon, on danse ? 

Les petits dejs se prennent dehors, les premiers rayons du soleil assaillent la fraîcheur des matins d'automne, les vapeurs de café du Costa Rica se répandent dans le jardin. 









 











Puis on migre chez Jessica à deux pas, encore un cottage, un joli personnage, des rires tonitruants, une soupe chaude avant le départ et un ride jusqu'à la gare.
On repart, encore. Suivez-nous.



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