jeudi 10 septembre 2015

Il était une fois... "El Tablazo, finca agroecologica"


On s'est très vite rendus compte que le seul moyen qu'on avait de pouvoir passer un peu de temps au Costa Rica était d'y bosser. On a donc cherché des projets auxquels se greffer en échangeant notre (incroyable) force de travail contre gîte et couvert. Très vite, on s'est aussi rendus compte que c'était le pays idéal pour découvrir l'agriculture soutenable et l'agroécologie. Et qu'ici, ces initiatives de production différentes prenaient un sens différent...



Le Costa Rica, c'est 51 000 km2 (soit un peu moins que les territoires de la Bretagne et de la Normandie), 27 parcs naturel, 116 volcans et le premier pays du monde à tenir 75 jours sans utiliser d'énergie fossile.


Ça semble donc bien joli vu de dehors. Et puis, on se rend compte que la réalité est bien moins verte qu'il n'y parait. Le record sur les énergies fossiles ne tient pas compte des milliers de litres de pétrole utilisés pour les toujours plus grosses et clinquantes bagnoles qui arpentent ce tout petit pays où la circulation, et la pollution qu'elle entraîne, sont un vrai problème. 

Et le Costa Rica est le pays qui épand le plus d'engrais chimiques. Les milliers d'hectares de champs d'ananas et de bananes sont copieusement arrosés de toxiques balancés des airs, ce qui n'épargne ni l'incroyable faune du pays, ni ses habitants. En plus des conditions de vie de misère des travailleurs de l'ananas, souvent venus du bien plus pauvre Nicaragua voisin, les effets de ces épandages massifs sont évidemment désastreux, impactant radicalement les taux de cancers des travailleurs et riverains, et de malformation à la naissance. 


Un petit poulet créole, génétiquement déplumé du cou, et du genre de ceux qui font pondre des œufs verts, apprend le tri
Si le gros du bordel agricole productif est bien pourri, au Costa Rica comme chez nous, il y a toujours de jolies exceptions pour laisser passer l'espoir. On a atterri au Tablazo, un cerro tout au sud de San Jose, la capitale. Sur un petit hectare haut perché (1500 m d'altitude), Gabriel et Jemima font pousser leur rêve depuis deux ans et demi.



Jemima y Gabriel
Ga et Mima ont notre jeune âge. Ils ont étudié dans un centre de formation technique (public et gratuit, un pays sans armée a le budget pour de belles choses) spécialisé dans l'agriculture biologique. Puis ils sont partis voyager neuf mois en Asie voir comment ça se passe là-bas, niveau agriculture. Et ils ont commencé ce laboratoire agroécologique qu'est le Tablazo. 






Panoramique El Tablazo


La mami de Gab va chercher les oeufs
Une grand zone potagère, deux bouts de forêt, les terres ne sont pas énormes. Ici on recherche la qualité. Un jardin de plantes médicinales pousse dans un mandala au fond du jardin. Une des poules au cou naturellement déplumé pond des oeufs verts. La  terre est bichonnée, nourrie, rééquilibrée. L'eau arrive directement d'une source plus haut dans la montagne. 


On enrichit nos pratiques et notre vocabulaire. "Boñiga", ça veut dire bouse de vache. Le matin, on part la chercher dans le champs du voisin. Aux heures les plus chaudes, on produit du gaz pour la cuisine, à partir du "biodigestor", une grosse poche qui ingère des kilos de bouses fraîches délayées dans de l'eau pour en évacuer le méthane. Elle sort aussi à nourrir les lombrics. Et à produire des bioferments, engrais tous bios, potions magiques de l'agriculteur conscient. 


Telle une superheroine, j'attaque les haricots au lait
Contre le mildiou, on pulverise du lait dilué dans de l'eau. Contre ces vers qui attaquent les épis de mais, de la cendre. Pour enrichir la terre, on répand du bokashi, technique japonaise de culture de microroganismes.










Gab avec quelques ingrédients des bioferments : roche de montagne, cuivre, levure, cal...


Jo en sorcier touille les bioferments


















conservation des légumes juste récoltés

Départ pour vendre les légumes
Grande œuvre de Jonathan : un poulailler portatif

L'aspect éducatif est primordial dans le projet. Plusieurs fois, on reçoit des groupes d'enfants et d'ados de la ville, toute proche. Pour certains, c'est un monde qu'ils découvrent. 
Les lombrics, ça chatouille

Récolte collective de l'amarante

Ciao les niños
Certaines pépettes poussent des cris aigus devant les lombrics qui grouillent et ne veulent pas mettre les mains dans la terre pour ne pas abimer leur manucure. Mais la plupart sont curieux et fiers de repartir avec des herbes pour la toux ou même une poignée de lombrics pour la jardinière du balcon. 

Avec Mima et Gab


On reste deux semaines dans cette cabane dans la montagne, et on apprécie chaque moment. Gab et Mima sont d'incroyables humains, passionnants, passionnés, un plaisir à côtoyer chaque jour. On a du redescendre, une nouvelle volontaire arrivant et nos sac à dos pressés de reprendre la route. On espère fort  les revoir, sous d'autres latitudes peut-être. En attendant, on continue à suivre le développement fascinant du Tablazo (jette un œil sur leur page facebook ici : https://www.facebook.com/fincaeltablazo )

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