Le bout du monde, on a été le
chercher. On a sauté avant que le soleil ose commencer à brûler le
désert dans une jeep blanche immaculée, intérieur cuir impec,
immatriculée au Venezuela. Le hasard fait que les trois autres
passagers du véhicule en partance sont trois français, eux aussi
mochileros au Long-cours. On se rappellera encore une fois que le
monde est tout petit en découvrant que l'un d'entre eux est le bon
pote d'un bon pote, et on trinquera à la santé des copains restés
aux pays.
5h passées, le soleil émerge enfin,
déjà ardent, et colore notre traversée du désert. Trois heures de
piste, un tour en bateau dans la mangrove, et on atteint notre but à
tous : Punta gallinas (la pointe des poules), le point le plus
Nord de l'Amérique du Sud.
Pour Alex qui fait partie de notre
équipée et a commencé son voyage trois ans à Ushuaïa, tout au
Sud, cela prend une importance particulière : il a donc
vraiment traversé ce bout d'Amérique du Nord au Sud. Sans avoir enchainé autant, j'ai toujours
aimé les bouts du monde. En
voilà un de plus.
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le phare du bout du monde |
Un phare qui ressemble à une antenne
radio, une dune tombant sur des plages désertes, et la poussières,
du sable, et des cactus. Un cochon qui court après notre voiture,
affublé d'un drôle de collier : c'est un cadre en bois, comme
un piloris, pour l'empêcher d'aller s'empêtrer dans les cactus et
autres plantes qui pique davantage. En journée, les enfants
dressent des barrages pour stopper les bagnoles de touristes :
ils tendent une ficelle du haut de leur petite taille ou dressé sur
un piquet. Le tarif est souvent un paquet de chips ou une pièce.
Notre chauffeur leur promet qu'il ramènera des chips demain, là il
n'a plus rien, les petits va-nu-pieds baissent la garde.
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et dans ces km de poussière, des apparitions |
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Vache songeuse, le regard sur l'horizon |
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inspection du sable du bout du monde |
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toujours ce vent qui décoiffe |
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le Sahara ? Non, la Colombie, presque le Vénez' |
On est au bout de quelque chose, qui
n'est pas une frontière, rempart illusoire tracé par l'homme et ses
peurs, mais la limite d'une terre, les derniers bouts de sol avant la
mer. On est heureux de fouler ce bout, son sable, sa poussière.
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