dimanche 27 décembre 2015

Fakarava : whouou, premier atoll






Après les reliefs montagneux des Marquises, nous mettons les pieds dans nos premiers paysages de carte postale. Nos yeux sont impatients de ces nouvelles couleurs. Enthousiasmés par le chaleureux accueil des Marquisiens nous sommes bien curieux de découvrir le sourire des Paumotu, habitants de cet archipel des Tuamotu. Aux Marquises, la seule plongée fut pour dégager l'ancre et nous avons une grosse envie de requins.

Bref, toutes ces envies ont été ici bien assouvies !

Des patates de corail pleines de poissons dans le turquoise devant le mouillage

De l'eau à 28C devant le bateau, forcément sourires affichés

Dimanche matin, 9h : messe. Nous sommes emportés. Au milieu des chants en paumotu quelques bribes de français ne parviennent pas à nous ramener sur terre : l'église est magnifique, baignée dans les couleurs pastelles. Des lignes de coquillages entre les voûtes du plafond relient des chandeliers fait de plusieurs étages et minutieux agencements eux aussi de coquillages. Ils n'ont pas de prix. Impressionnés, nous menons l'enquête pour trouver l'origine des mains créatrices. Indice : il faut avoir de l'or au bout des doigts, un délicat savoir-faire et être armé de patience. Réponse : les grands-mères du village sont les fameuses artisanes. Malheureusement il n'est pas possible, plus possible de les voir à l'oeuvre, la majorité sont décédées. Voilà encore une richesse des îles qui risquent bien de s'éteindre faute de transmission et d'héritiers.

Nous nous immergeons avec la même curiosité dans le système éducatif de l'île. Nous visitons le Cned avec les répétitrices qui ont eux la gentillesse de rester pour partager ce moment d'échange. Ensuite; Chantal, dynamique directrice de l'école pleine de projets, nous accueille toute une matinée dans sa classe. En peu de temps nous percevons bien les problématiques éducatives et la discussion s'étend rapidement à la politique locale, au rapport à la famille, à la culture. Nous sortons en ébullition de projets et d'envies, bien convaincus que l'Ecole avec ses acteurs et ses usagers est une porte d'entrée privilégiée pour plonger dans les questions plus profondes des sociétés.


Bien accrochés sur le platier devant la vague qui lève sur le récif


Ce premier atoll est l'occasion de mieux comprendre cette curieuse formation géologique. Une montagne ou volcan s'est progressivement effondré, affaissé, jusqu'à quasiment disparaître. Elle laisse sur son contour des bancs de sables émergés sur lesquels les cocotiers ont pris racines : ce sont les motus. Et sans terre ... difficile de cultiver.
Ils sont parfois séparés par de l'eau affleurant le récif. A l'intérieur, c'est le lagon. A l'extérieur, un platier peu profond nous emmène en quelques mètres à la vague formée par le récif avant de plonger sur des centaines et des centaines de mètres de profondeur dans l'océan. Entre certains motus, le récif est plus profond et permet ainsi le passage des bateaux, et aussi des requins et raies : c'est la passe et c'est par ici que, sous l'influence de la marée, le lagon s'élève un peu ou redescend en créant des courants qui peuvent être bien puissants. Jusqu'à 20 nœuds, soient environ 10 m/s dans la passe de l'atoll de Hao.


Date des prochains passages des bateaux de croisière
Les îles c'est aussi et surtout ça en fait : du tourisme. A l'OPT (Office Postal de Tahiti) sont annoncés les raz de marée touristiques : les bateaux de l'année, entre 200 et 2000 passagers. Aubaine ? Et non, les touristes visitent, regardent, mais ne consomment rien car apparemment tous les souvenirs peuvent être achetés à bord. Ce tourisme ne profite donc que peu aux habitants. En s'éloignant de cette désillusion de la manne touristique, ils doivent progressivement envisager un modèle de développement davantage centré sur leurs besoins fondamentaux et moins dépendants de facteurs externes. 
Développer des projets bien locaux, c'est le travail d'Isa, amie rencontrée à Mooréa, qui parcourt les îles pour aider les gens à développer et donner de la valeur à leur potentiel local.


Et oui, ici on délibère aussi de ça


Loin des usines à plongeurs, nous nous régalons de la convivialité du centre de plongée Kaina plongée à la passe Nord. On aime prendre le temps, on aime discuter avec les gens. On découvre James, le marin du club et pilote du zodiac, ancien sportif de haut niveau en volley et à présent président de l'association sportive de l'île pour bouger les jeunes qui entre autres sont sortis un peu trop tôt du système éducatif et sont revenus dans leur île.



Première tortue


Premiers requins

Et fin de plongée avec la visite au palier d'un espadon de 2m
Donc tout va bien !! C'est TOP Dé-ment !


Joséphine, pâtissière de haut niveau, régale l'île dans sa maison "Fakadélices"
On lève le camp au bout de quelques jours pour traverser l'atoll et mouiller au sud afin de profiter des fonds marins ... niveau plongée le festival continue à la passe Sud !


Requins et bancs de poissons en snorkeling



Le fameux mur de requins de Faka sud avec ses centaines de squales


Un Némo tout mignon dans son anémone


Et nous deux toujours bien heureux et amoureux !






vendredi 18 décembre 2015

Et l'alizé se brise aux Marquises


Arrivée matinale à Hiva Oa après 28 jours de mer
C'est par Les Marquises qu'on a débuté cette jolie aventure en territoires français du bout du monde. Les Marquises comme destination de bout de traversée c'était magique dès le départ. On savait des passions qui avaient amené Gauguin et Brel à y finir leur vie. 

Image'in au mouillage à Atuona, Hiva Oa


tombe de Brel
 C'est d'ailleurs chez eux qu'on a débarqué, sur l'île de Hiva Oa où tous deux sont enterrés dans un superbe petit cimetière qui soupoudré de fleurs de frangipanier à l'odeur enivrante et surplombant l'océan.




Jojo l'homme avec Jojo, l'avion (de Brel)


















Sauvages Marquises aux sourires si doux. On se salue dans la rue, on discute un peu et se voit offrir un ravitaillement de fruits du jardin, bien on ne peut plus précieux après un mois de mer.  

chez Jean Jo et Louise, primeurs aux grand coeur


Louise à la pêche aux mangues


retour à bord armés de vitamines
Joli butin


préparation des costumes pour le festival :tressage de pandanus
On loupera de peu le festival qui y a lieu tous les quatre ans, rassemblant des délégations d'artistes de tout le triangle polynésien (un territoire qui s'étend entre Hawaï au Nord, la Nouvelle Zélande à l'Ouest et Rapa Nui, l'île de Pâques; à l'Est). On se dira déjà qu'on reviendrait bien pour la prochaine édition.

Mais on assistera à des répétitions déjà bien incroyables de centaines d'habitants du village préparant leurs chorés sur le terrain de tennis qui a du changé de vocation il y a longtemps déjà.  Et à la préparation des costumes, qui ne seront complets qu'une fois ajoutées des filtres d'amour aux odeur entêtantes pour une séduction troublante. Après tout, ce festival a été créé pour offrir aux habitants des vallées perdues des rencontres plus variés et permettre au capital génétique davantage d'originalité qu'un rapprochement entre cousins...



Jo en tentative d'apprentissage du tressage


tressage pour les costumes
Toutes générations, messieurs en tatouages et lances, mesdames en tatouages et pareos, les hommes sortant des entrailles des cris qu'on assimileraient facilement à ceux des hakas maoris, les femmes plus dans l'aigu et le balancement des hanches.






On quittera à la voile le vert et le bleu dense des jolies Marquises, salués par une raie manta en plein vol, énorme, tant qu'on l'aurait bien prises pour une baleine.

routes escarpées vers Puamau, de l'autre côté de l'île

chêvres avec vue


au départ d(Hiva Oa, c'est reparti

lundi 19 octobre 2015

Première (et seule) étape : de Florence, OR, à Moss Landing, CA





On est jeudi 15 octobre. Un coup de fil matinal des coastguards officialise la possibilité d'échappade. Alors, pour la troisième fois, on est prêts. La sirène retentit, la circulation est coupée, le pont de Siuslaw se lève et on s'évade doucement de Florence. Du pont, des rives, des barcasses de pêcheurs, les badauds et des potes qui saluent.


nos amis lescoast guards qui viennent d'aller inspecter l'entrée : aujourd'hui, oui, ça passe
Regards anxieux à l'approche de la passe, celle-là même qui nous a déjà fait perdre deux jours, d'autant plus que la visibilité est super réduite. Mais point de déferlante. On passe sans encombre, nous voilà dans le brouillard certes, mais bien dans l'océan. Étrange de s'éloigner des côtes sans y voir, on est comme plongés dans une bulle de brume. La mer est grise et on peine à apercevoir même le halo du soleil.

Le brouillard se lève après la sieste et on rencontre nos premières baleines. Pas un ou deux souffles au loin, non là on est carrément encerclé, on ne sait plus où regarder, c'est un vrai champ de baleines. Alors oui, ça y est, on est en mer.


Pendant quelques jours on va suivre les côtes, jusqu'à atteindre Moss Landing, au Sud de San Francisco pour une dernière escale technique afin de régler l'inclinaison du nouveau mât avec Buzz, celui qui l'a fabriqué.
L'équipage au complet : Capitaine Laurent, Flo, Ugo, Julie. JO et Allen

Café marsouin
Première nuit de quart bien fraîche, on reprend goût ou coutume à ce drôle de rythme, à cette drôle d'habitude d'interrompre sa nuit pour (sur)veiller la mer. 

Pas de vent, on file au moteur et la mer se fait d'huile en ce deuxième jour. L'avantage est qu'on y voit du coup à bien des milles, et on se rend compte à quel point on n'est pas tout seul à errer dans ce Pacifique nord ouest. Un banc de marsouins noirs et blancs vient troubler le petit dej' en jouant à l'avant du cata. Deux coques techniquement c'est deux proues, et les mammifères marins semblent apprécier ce renfort de divertissement. 

Alors que les marsouins s'amusent encore tout près, l'équipage s'agrandit : un tout petit oiseau, à la dégaine bien plus terrienne que marine, s'agrippe aux écoutes de gênois. Mr Moineau aurait voulu prendre l'air de la mer ? On sait pas trop ce qu'il fait là ce petit piaf aux reflets jaunes, mais il est affamé. On partage avec lui nos goûters et rapidement, il prend ses aises en cherchant de quoi bequetter de toute part, pirouettant dans les mailles des filets ou explorant la boîte à pêche. 



A l'heure du déjeuner, sûrement par l'odeur alléché, c'est un fou à tête bleue qui vient prendre sa pause à bord. Il semble bien pataud perché sur le paddle, ses yeux globuleux comme incrustés dans son bec se contorsionnent et l'animal semble loucher. Assis dans le carré, on se croirait dans un zoo, du côté obscur de la cage, à se faire reluquer par un drôle d'oiseau.


Deuxième nuit de mer plus humide que froide, il pleut, il mouille et on n'y voit rien. On scrute un horizon qu'on devine à peine et on attend une éclaircie qui ne vient pas.
 

Le matin, on longe un gros grain et le ciel est double face. Sur bâbord, il dégrade les gris, les bleus sombres, les noirs et la mer se pare de reflets argentés.


On dirait un paysage peint par un aquarelliste déconfit à qui on aurait piqué ses couleurs, un lavis sombre pourtant tout en nuances. Sur tribord, c'est bleu, pastel et paisible. Pioupiou qui avait réapparu à l'aube, grignoté tant que possible et chanté pas mal prend soudainement son envol. Il nous avait déjà fait le coup plusieurs fois, quelques battements d'ailes et il revenait déjà épuisé à bord. Mais là point de demi tour, le petit oiseau s'en est allé, et on lui souhaite de ne pas le regretter.





On est en eaux californiennes, la température de la mer a gagné quelques degrés déjà, et le soleil, enfin, se met à chauffer. Emmitouflés depuis le départ, on prend tous plaisir à la désape. Marcher pieds nus sur le pont est une libération. Le déjeuner se prend dehors sur le pont au soleil. 


Et les visites du jour sont tout aussi incroyables : des bancs de baleines encore, tant qu'on ne sait plus où regarder. On coupe le moteur pour s'approcher, mais pas trop, d'un couple de cachalots en surface. Et voilà que ce sont les dauphins, ces incroyables magiciens, qui viennent nous visiter. Ils sont quatre, dix, vingt cinq, plus encore. A chaque fois, j'ai dix ans et je rigole fort. Ils se détournent, approchent, jouent, filent, sautent. Il nagent de biais, un oeil en haut, pour mieux nous observer. 

Une demi heure avec les dauphins
Un groupe restera au moins une demi heure à nager à la proue, à faire route avec nous. Quand ils finissent pas s'éloigner, ils semblent toujours prendre le temps pour quelques sauts synchronisés qui sonnent comme des adieux officiels

Le vent est arrivé enfin, à 7h on envoie le spi qui se dresse tout en couleurs au dessus du soleil levant. Enfin le vent nous porte, quelle liberté. La mer se creuse en journée mais Image'in reste confortable même virevolté par des vagues qui se font montagnes. 





On a atteint ce matin la baie de Monterrey. Toujours la faune nous assaille; les souffle de baleines semble de geysers, pas si loin, les dauphins se ruent sur nous, les phoques ne nous regardent passer amusés. On est à quai dans un petit port, entouré d'éléphants de mer se dorant au soleil; ça pue mais c'est sympa. Lessive, réparations, douches, connexions, et zou, ce n'est qu'une escale, le grand large nous attend.