On a sauté dans des bus, des voitures,
des jeeps, vu défiler des kilomètres de piste, de côtes, passé des
terres desséchées à celles plus tropicales, puis le contraire,
traversé la Guajira d'Ouest en Est, mais au final, ce qu'on voulait
c'était le désert.
Une journée après avoir quitté Santa
Marta, une dernière jeep lèvera la poussière pendant 2h et voilà
qu'apparaît au milieu du grand rien un village planté en bord de
mer : Cabo de la Vela, le cap de la voile.
Ce village, c'est d'abord le point d’atterrissage des véhicule qui traversent le désert, essentiellement des gros
véhicules tous terrains, et des camions qui transportent gens et
matériel. Cabo, c'est la fin du chemin, ou presque. La piste traverse le village, suivant la mer, et les bicoques sont
construites de part et d'autres. Aux abords du bled, une jungle aride
où semblent fleurir les déchets plastiques coincés dans les cactus
par le vent incessant. Il soulève poussière et sable du désert, il souffle sans répit et doit être épuisant.
On se
met à l'abri dans la première baraque, toute bleue, Cabo del Mar. La dueña
loue des chambres, des hamacs les pieds dans l'eau pour une bouchée
d'arepa et fait resto. C'est là qu'on s'installe, trop heureux de
trouver un abris, de l'eau fraîche et un accès direct à la mer.
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Florence lit dans sa chambre |
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Des déserts, j'en connais peu. On
pourrait dire que l'océan en est un, avec cette même capacité
d'attraction et de vertige qui m'avait surprise dans le seul autre
désert où je me suis aventurée : le salar d'Uyuni, le plus
grand désert de sel du monde, plus de 10 000km2 au sud ouest de la
Bolivie.
La Guajira, ce département le plus
nord est de la Colombie, se termine par un désert parfaitement
hostile et inhospitalier. Rien ne peut pousser, et c'est à se demander ce qu'y font des Hommes. On dit qu'il n'y a pas plu
depuis 3 ans. Quelques vaches maigres, des ânes, des chèvres
broutent la curieuse végétation qui parvient à pousser dans cette
terre à l'air de poussière. Cactus essentiellement.
Le peuple indigène Wayuu qui y
vit depuis le XVIe siècle y avait trouvé refuge aux temps des
invasions espagnoles, et on comprends que les colons aient renoncés
à investir de bout de terre entre la Colombie et le Venezuela. Ainsi
les Wayuu ont il résisté à l'envahisseur, et résistent ils encore
au diktat des frontières, vivant sur un territoire à cheval sur
deux états.
Le tourisme qui s'est
développé ces dernières années a permis aux Wayuus de développer
une nouvelle source de revenu : la vente d'artisanat. Toute la
journée, femmes et enfants errent dans le village de Cabo tentant de
vendre mochilas colorées et bracelets aux quelques touristes s'étant
aventurés jusque là bas. Leurs sacs sont revendus au prix fort dans
les boutiques de souvenir du pays, deux à trois fois le prix d'achat
auprès des artisanes.
On a beau être au bout du monde, ou
pas loin, il y a des choses auxquelles on n'échappe pas. La Copa de
America a débuté au Chili et les Colombiens sont passionnés par
leur équipe de foot.
Aussi dans le bar du village qui a le plus grand écran, il y a foule ce dimanche aprem pour le premier match de la
"seleccion". Des colombiens en vacances engoncés leur maillot
national jaune vif aux locaux du village, des quelques gringos mochileros et kitesurfer venus prendre le vent à Cabo aux enfants Wayuu qui en
oublie presque de démarcher pour vendre leus babioles, tout le
monde est là. Ce match est un peu particulier : la Colombie
joue contre le voisin vénézuelien, et la frontière est à quelques
dizaines de kilomètres à peine. On boit de la bière vénezuelienne
au lieu de l'Aguila traditionnelle, pourtant sponsor officielle de
l'équipe nationale. Mais les cris encouragent bien la Colombie.
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fresque du bar à foot |
Le Venezuela gagnera ce premier match,
et quelques venezueliens expatriés à Cabo planqueront leur joie.
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Flo, moi et l'une des supportrices les plus en beautés |
Dernier soir à Cabo. Malgré la
défaite de la seleccion, le bistrot du bout du village a sorti des
spotlights dignes de la meilleurs discothèque de Fougères. Le bar
est en fait un comptoir en plein air, où on peut commander bières vénézuéliennes et des empanadas frites dont l'odeur embaume et engraisse les environs. La piste de terre battue par le
vent est occupée par des couples dansant la
champetta, sorte
de zouk plus explicite encore sur des musiques aux paroles au tout
aussi démonstratives. On danse en famille, entre amis, collés
serrés, ce perreo galactico ( comment traduire ça ?
« chiennerie galactique »). Nous on sirote notre bière
qui dès les premières gorgées se trouble de sable, on compte les
quelques étoiles et on va rejoindre nos hamacs pour une dernière
nuit suspendue au dessus de la mer tandis que Cabo continue de
palpiter aux rythmes mêlées du concours de sonos, typiques aux nuits sur la côte colombienne....